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Pour une meilleure complicité entre décideurs publics et startups africaines
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Richard Seshie
July 26, 2019

Richard Seshie est un Alumni du programme des Atlantic Dialogues Emerging Leaders 2017.

Cet article a été précédemment publié ici. 

Il prévaut fortement cette idée que nos pouvoirs publics ne sauraient jouer un rôle important pour les startups en Afrique. Dans plusieurs pays, leur nonchalance ou implication maladroite passée laisse dubitatif. Toutefois, c'est la nature historiquement extravertie de nos économies et ses implications qui devrait susciter plus qu'ailleurs un activisme énergique de nos pouvoirs publics. Nous voulons proposer quelques pistes.

En premier lieu, ne pas freiner l'innovation
La réglementation est un levier visible de l'action publique. En Côte d'Ivoire, une réglementation récente encadrant l'exploitation des drones impose le très cher paiement de 3 millions de Francs CFA pour exploiter un drone civil, ce qui représente 12 fois (!) le cout unitaire du drone le plus vendu. 
De nombreuses startups rencontrent des difficultés dans l'absence de réglementation qui est un facteur d'incertitude pour des investisseurs potentiels, et lorsque la réglementation existe, le zèle des textes ou encore la lenteur dans la délivrance d'autorisations comme c'est le cas pour l'obtention d'agrément de traitement de données à caractère personnel ralentissent leurs opérations.

Des solutions pourtant existent. La réglementation « participative » qui permet de consulter; une aide aux démarches administratives, notamment par des points focaux désignés ou en digitalisant le traitement des requêtes. Mais c'est surtout le « bac à sable » réglementaire, un cadre mis en place par un régulateur qui permet aux startups et entrepreneurs de tester leurs nouveaux services sans devoir nécessairement respecter l'ensemble du cadre règlementaire et dans un environnement contrôlé sous la supervision d’un régulateur qui fait mouche. La Banque centrale de Sierra Leone y fait appel pour faciliter des innovations dans l'inclusion financière tout comme le Kenya bientôt. 

Des Startup Act... mais aussi du financement innovant
Depuis l'adoption d'un Startup Act en Tunisie qui est un cadre juridique dédié aux startups
pour faciliter leur lancement et leur développement; de nombreux pays africains emboîtent le pas. La question du financement y occupe une place importante. 

Les startups africaines continuent cruellement de manquer de financement en phase de pré-démarrage et de démarrage. Il faut en amont financer une masse critique de jeunes entreprises pour espérer voir émerger des pépites. Le Maroc montre la voie avec le récent programme 212 founders qui offre un dispositif de financement complet portée par la CDG, une institution financière publique qui gère l'épargne à long terme au Maroc.

Par ailleurs, la mobilisation de sources de financement non-traditionnel est insuffisamment regardée. Nous proposons par exemple qu'une partie du bénéfice net des loteries nationales sert à financer des startups. Des précédents existent: la loterie néerlandaise Dutch Postcode dédie un millions d'euros chaque année pour financer des startups dans l'environnement quand le Fonds Communautaire de la loterie nationale d'Angleterre octroie plus de 500 millions de livres sterling chaque an en faveur d'entreprises sociales.

Des interventions qui font la différence

En définitive, les pouvoirs publics s'apparentent à un couteau suisse qui disposent de nombreux outils pour appuyer les jeunes pousses: adopter des mesures d'incitation fiscales et non-fiscales, faciliter le financement des startups, booster l'infrastructure orientée entrepreneur, dérouler l’Internet public gratuit, équiper ses citoyens de compétences numériques au travers de cursus refondés, attirer et faciliter l'implantation de programmes de classe mondiale d'appui aux startups (bootcamps, accélérateurs, écoles de code...),, devenir un adopteur précoce d'innovations de startups. 

Les États gagneraient à faire refléter dans leurs programmes nationaux de développement un choix clair d’investissement sur des secteurs jugés prioritaires (où le pays dispose déjà ou a la volonté de construire un certain avantage compétitif) et d'accompagner vigoureusement l'éclosion et le développement de startups dans ces secteurs. 

Les grandes villes africaines ne devraient non plus rester en marge. L'Alliance des villes européennes pour les startups (SCALE) recense pas moins de 19 initiatives de municipalités ayant ainsi mis sur pied des programmes ou des agences de développement économique et d'innovation pour créer des micro environnements favorables pour les startups résidentes dans leurs villes.

Certaines success stories grandissantes comme le Rwanda doivent en partie leur dynamisme à cette volontée matérialisée des pouvoirs publics. Les futures licornes et gazelles africaines ne demandent qu'un écosystème propice pour exploser. 

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