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Espace euro-méditerranéen : Intérêts et défis en partage
Authors
Mokhtar Ghailani
July 13, 2018

Les participants aux travaux de la Conférence annuelle du réseau EuroMesco, autour du thème « Un regard nouveau sur les relations euro-méditerranéennes », co-organisée par l’OCP Policy Center et l’Institut Européen de la Méditerranée IEMed, à Rabat, les 12 et 13 juillet 2018, ont été unanimes à faire leur le constat selon lequel la situation qui prévaut dans l’espace euro-méditerranéen, les rives nord et sud confondues, est prédominée par des tensions et des défis. 

Tout au long des deux journées d’échanges, les intervenants répondront à leur compte l’affirmation rappelée, en début des travaux, par Abdelhak Bassou, Senior Fellow à l’OCP Policy Center, selon laquelle l’espace euro-méditerranéen « passe par une zone de turbulence ».  Cette convergence à propos du constat témoignait de la pertinence de la nouvelle perspective proposée dans l’appréhension des relations euro-méditerranéennes. 

Changement de perspective

Senén Florensa, le président d’EuroMesco, le principal réseau de think tanks spécialisé dans les questions politiques et de sécurité en Méditerranée, déclinera cette nouvelle approche qui sera observée par la communauté d’experts et chercheurs qu’il représente, dans le traitement des relations euro-méditerranéennes. Approche, expliquera-t-il, qui s’inscrit en rupture avec la démarche suivie jusqu’à présent. 

Habitués à nous intéresser, en premier, à la situation dans le sud de la Méditerranée pour voir ses conséquences sur la rive nord, la démarche préconisée se propose de s’intéresser, tout d’abord, à la situation en Europe pour ensuite se focaliser sur ses impacts sur les pays de la rive sud et, partant, sur les relations euro-méditerranéennes. A l’arrivée, s’engagera-t-il, nous devons présenter des analyses opérationnelles mais, aussi, une approche équilibrée dans notre manière d’aborder les relations euro-méditerranéennes. Une mission pour laquelle notre réseau est très bien outillé, insistera-t-il, faisant, entre autres, allusion aux analyses conjointes, conduites par des chercheurs et experts appartenant aux deux rives de la Méditerranée. 

Approche concertée

Pour pratiquement sa toute première sortie officielle, depuis sa nomination en tant que Secrétaire général de l’Union Pour la Méditerranée (UPM), le diplomate égyptien, Nasser Kamel, n’a pas manqué de rebondir à propos du constat évoqué plus haut, en indiquant que les turbulences qui caractérisent l’espace euro-méditerranéen de nos jours ne constituent pas un fait nouveau. La différence, tiendra-t-il à nuancer, réside dans l’ampleur prise par lesdites turbulences au cours des dernières années. Les défis auxquels fait face la région méditerranéenne, expliquera-t-il, ont atteint ces dernières années une portée et un niveau sans précédents ce qui justifie, selon lui, une approche concertée et équilibrée.
Après avoir rappelé que la Méditerranée a toujours été « une région complexe », Nasser Kamel a estimé que « Nous avons besoin d’une meilleure compréhension de nos différences et de focaliser nos objectifs sur nos priorités et sur nos perceptions respectives des problèmes que nous avons en commun. Quelles que soient nos différences d’optique dans le traitement de nos défis communs, nous avons besoin d’un même canevas d’objectifs pour absorber les problèmes, insistera-t-il.  

Parmi ces défis, N. Kamel citera le phénomène de la migration illégale, la pression démographique, le chômage des jeunes, la radicalisation et l’extrémisme, l’insécurité alimentaire ou, encore, le changement climatique. Défis, poursuivra-t-il, qui ont pour conséquence que l’énorme potentiel dont dispose l’espace méditerranéen n’est pas suffisamment exploité.
Le Secrétaire général de l’UPM introduira une note d’optimisme dans son allocution, en considérant que tout en faisant face à ces défis, nous, pays du Nord et du sud de la Méditerranée, partageons le désir pour un futur meilleur pour nos jeunes, raison pour laquelle nous devons travailler main dans la main au sujet de nos aspirations, nos défis et de nos opportunités. Pour cette raison, jugera-t-il, le thème retenu pour cette conférence annuelle ne pouvait pas être plus pertinent. 

Regarder dans la même direction

Gilles Bertrand, Conseiller, Direction exécutive Proche-Orient et Afrique du Nord, Service européen d’action extérieure (EEAS), considérera, pour sa part, qu’« Il est vrai que notre relation change. Elle devient de plus en plus mature, un peu plus exigeante, des deux côtés, un peu moins exclusive, comparativement aux années précédentes, et un peu plus réaliste. Celui-ci invitera les pays des deux rives à se prêter à un exercice qui, admettra-t-il, n’est pas le fort des Méditerranéens, à savoir celui de réfléchir de manière positive, en regardant l’avenir. Selon lui, il faudrait qu’on pose les problèmes avec beaucoup plus de fluidité, en regardant, d’abord, le monde dans lequel nous nous engageons et, ensuite, comment, ensemble, on puisse nous y adapter.

Et comme le thème de la présente conférence annuelle de l’EuroMesco est le changement de regard, ce représentant de l’UE s’est appuyé sur une citation d’Antoine De Saint-Exupéry, selon laquelle « Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction ».  

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