Rapport annuel sur la géopolitique de l’Afrique 2022

Dans cette nouvelle édition du Rapport annuel sur la géopolitique de l’Afrique, et à l’instar des éditions précédentes, le maître-mot est la richesse dans la diversité. Une diversité dans les visions et les opinions que des auteurs africains, habitués de cette tribune où qui la découvrent, alimentent en exprimant leurs réflexions sur des questions clés qui intéressent leur continent : l’Afrique.

Du cadre social, à celui militaire en passant par les contextes historiques, anthropologiques, politiques ou encore culturels, nos auteurs ont étudié, expliqué, analysé et décortiqué, chacun selon sa propre méthode et à partir de ses propres grilles de lecture, des événements ou des situations qui lui ont paru pertinentes dans l’Afrique de 2021.

Ces visions multiples restent cependant harmonisées sans être uniformisées, grâce à la ligne éditoriale du Policy Center for the New South, s’inscrivant dans un afro-réalisme qui critique sans stigmatisation et encourage sans jubilation. Appliquée à la géopolitique, cette ligne éditoriale se propose de regarder les enjeux africains en tentant de réduire les incertitudes, de minimiser les effets de la volatilité, en simplifiant, autant que faire se peut, les complexités et en clarifiant, dans la mesure du possible, les ambiguïtés. Dans ce sens, l’idée de la vision géopolitique de l’Afrique ne peut se modeler chez le lecteur qu’à travers la synthèse de tous les chapitres. Une synthèse qui ressort des interactions des acteurs africains, avec leur espace qu’est l’Afrique, les enjeux que dicte cet espace dans la conjoncture mondiale et les différentes stratégies nationales, régionales ou continentales censées garantir la sauvegarde de ces intérêts dans un climat de paix, de sécurité et de stabilité.

Un ouvrage géopolitique peut-être facile à déchiffrer lorsqu’il réduit la géopolitique à la conflictualité dans l’espace ou autour des richesses et avantages de ce dernier ; il n’est alors que description des territoires et constat des enjeux. Mais la géopolitique n’est pas que conflictualité et elle n’est pas une simple géographie de l’espace. Elle puise aussi dans les disciplines qui se penchent sur l’humain qui peuple l’espace. Son histoire, ses traditions, ses croyances et ses cultures sont autant de facteurs qui déterminent les différentes représentations que l’Homme se fait du territoire et des enjeux qui y sont afférents. C’est dans ces facteurs que s’enracinent les déterminants de ses interactions avec le territoire et qui président à l’élaboration de ses stratégies et définissent les éléments de praxéologie dans un espace donné.

L’insertion dans notre Rapport d’articles sur le sociétal, le culturel, le cultuel ou le spirituel, constituent, en dépit du fait qu’ils peuvent paraître “ rébarbatifs ” aux yeux de certains, autant d’ingrédients utiles, voire incontournables, pour une bonne compréhension de la géopolitique de l’espace africain. Dans une guerre, le rapport du combattant à la mort se nourrit des traditions de sa nation et la cause qu’il défend. Ignorer le rapport d’une troupe au danger de la mort fausse l’analyse stratégique et, partant, celle géopolitique. Les représentations socio-culturelles d’une nation participent dans la construction des représentations géopolitiques que dessinent les membres de celle-ci.

Au-delà des faits, événements ou phénomènes que traitent les différents auteurs, je nourris l’espoir que le Rapport puisse contribuer à la construction d’une géopolitique africaine où l’histoire de l’Homme africain, ses traditions et ses croyances, puissent se combiner aux faits contemporains et aux évolutions initiées par la modernité, pour façonner des compréhensions meilleures du futur du continent.