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Opinion
La célébration de la Journée internationale de l'éducation offre l'opportunité de mettre en lumière le rôle fondamental de l'éducation en tant que pilier essentiel à la construction d'une nation prospère. Cette réalité a toujours été prépondérante au Maroc, cristallisée dans les temps récents par l'élaboration de la charte nationale de l'éducation et de la formation en 1999. Cette charte, axée sur la priorité accordée à l'éducation, visait à rendre les établissements éducatifs égalitaires, équitables et efficaces, en mettant l'accent sur les couches défavorisées. Elle prônait un enseignement intégré, ouvert sur son époque tout en préservant les valeurs religieuses et l'identité marocaine.
Au fil des années, les réformes, notamment le Plan d'urgence "Najah" 2009-2012 et la vision stratégique de la réforme 2015-2030, ont marqué le paysage éducatif marocain. Ces réformes, fruit d'efforts constants, ont conduit à des avancées significatives, comme la réduction substantielle de l'analphabétisme de 43,2% en 2004 à environ 29% en 2017. L'accessibilité à l'éducation primaire s'est généralisée, avec un taux de scolarisation de plus de 95% aujourd'hui, marquant une progression considérable depuis les années 2000. Les taux d'abandon scolaire ont également enregistré des baisses notables, se situant à environ 2% au primaire, 8% au collégial (5,2% pour les filles) et 7% au secondaire qualifiant (5,5% pour les filles), comparativement à plus de 10%, 15% et 17% au début des années 2000.
Les progrès s'étendent également aux efforts visant à réduire les barrières économiques et géographiques à l'accès à l'éducation, avec des programmes réussis tels que Tayssir, l’initiative « Un million de cartables », le transport scolaire, les écoles communautaires et Dar Talib(a). En effet, l'appui social, sous diverses formes telles que le soutien financier, matériel, pédagogique et médiatique, a joué un rôle crucial dans la réduction des déperditions scolaires, montrant une réduction d'environ 63% de l'abandon scolaire chez les élèves de 6 à 15 ans.
Sur le volet de la qualité de l'enseignement, les résultats des évaluations internationales des acquis démontrent une amélioration substantielle des apprentissages des élèves marocains en mathématiques, sciences et langues entre les années 2000 et 2022.
Cependant, les avancées dans le système éducatif demeurent insuffisantes pour combler le fossé en matière d'acquis scolaires des élèves, avec des scores autour de 380, bien en deçà de la moyenne mondiale de référence établie à 500. De surcroit, la pandémie de COVID-19 a intensifié la crise de l'apprentissage, touchant, selon les estimations de la Banque Mondiale, jusqu'à 70% des enfants de 10 ans dans les pays en développement, le Maroc ne faisant pas exception. Les inquiétudes quant aux répercussions à long terme de cette crise sur l'éducation sont de plus en plus prégnantes dans les agendas politiques, tenant compte notamment des disparités socioéconomiques et territoriales.
Face à cette réalité, il apparaît crucial de mettre en œuvre des mesures de remédiation pour combler les lacunes d'apprentissage de manière efficace. La réussite de ces initiatives (de remédiation) devrait répondre à plusieurs défis, en particulier la nécessité de les mettre en place dès les premiers stades de l'apprentissage, un aspect essentiel pour les élèves en difficulté d'apprentissage dans le contexte du système éducatif marocain. Initier les interventions de remédiation dès le plus jeune âge augmente considérablement les chances de succès, mais cela nécessite une identification précoce des élèves concernés afin de combler durablement leurs lacunes. Aussi, un suivi individuel des élèves en difficulté d’apprentissage, une évaluation diagnostique précise et des services de soutien complets s'avèrent nécessaires. De plus, orienter des élèves vers des parcours adaptés serait essentiel pour prévenir la mauvaise performance scolaire. Le soutien social, combiné aux interventions de remédiation, peut également jouer un rôle déterminant dans l'amélioration des résultats scolaires des élèves mal préparés.
Aussi, il serait avisé d'envisager une réforme éducative engendrant des transformations profondes et durables afin d'éliminer le besoin de remédiation à l'avenir. Ainsi, les installations et équipements des écoles doivent être améliorés pour offrir un accueil optimal aux élèves. D’où les efforts d’extension de l’offre scolaire et de réhabilitation des écoles et classes, pour une école de qualité pour tous.
D'autre part, l'importance de la qualité de l'enseignement se manifeste comme un élément essentiel pour améliorer les apprentissages. Il est donc impératif de dispenser une formation de qualité aux enseignants, d'instaurer des incitations à l'excellence et de mettre en place une évaluation objective afin de renforcer leurs compétences. De plus, il est tout aussi crucial d'améliorer les conditions de travail, de réduire la surpopulation dans les classes, de garantir l'accès aux ressources pédagogiques et de fournir un soutien psychologique adéquat.
La Journée internationale de l'éducation est une opportunité cruciale pour réfléchir au système éducatif marocain. Depuis la charte nationale de 1999, le Maroc a réduit l'analphabétisme et amélioré les taux de scolarisation. Cependant, des défis subsistent, notamment la remédiation aux lacunes d’apprentissages pour les élèves en difficulté, accentuée par la pandémie. Ainsi, une remédiation efficace, débutant dès le jeune âge avec une identification précoce des élèves en difficulté, un suivi individuel, des évaluations précises et des services complets, s'avère indispensable. De plus, des changements profonds, incluant une refonte éducative, sont nécessaires pour éliminer la dépendance future à la remédiation.