Publications /
Policy Brief
Depuis 2000, selon une approche et un calendrier qui ont été maintes fois modifiés, les 15 membres de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont exprimé leur volonté d’accélérer le processus d’intégration monétaire dans la région. Le récent débat autour de la Zone franc et sa réforme, désormais décidée avec la France, mais également l’enthousiasme manifesté autour de la création de la Zone de libre-échange continentale (ZLEAf) formellement créée le 30 mai 2019, créent un climat propice à la relance du projet de création d’une zone monétaire CEDEAO. Les Chefs d’État concernés, réunis le 29 juin 2019 à Abuja, au Nigeria, se sont mis d’accord sur des modalités techniques de la nouvelle monnaie unique : sur son nom (l’Eco), sur le régime de change (flexible avec ciblage d’inflation), sur le principe d’une banque centrale qui serait a caractère fédéral et non une banque centrale unique, sur le respect de critères de convergence à atteindre et sur le calendrier progressif, a partir de 2020. Quelle est la portée d’un tel projet ? Quelles sont les difficultés à surmonter ? Quel est le réalisme de son calendrier ?
Au centre des avantages attendus de la monnaie unique, se trouve celui de la taille du marché : au sein d’un vaste espace de près de 400 millions d’habitants en 2020 pourraient s’épanouir les échanges fluidifiés par l’absence d’entraves liées à des régimes de change différents. Le développement des activités bancaires transfrontières et des institutions financières régionales pourrait conduire à une mutualisation des ressources et à un plus grand partage des risques. Les relations pourraient, aussi, mieux se développer autour des proximités ethniques, historiques et culturelles entre, par exemple, le Togo et le Ghana, entre le Bénin et le Nigeria, entre ce dernier et le Niger, ou entre le Sénégal et la Gambie. Pour autant, le projet est d’une rare complexité.