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Opinion
L’actualité pétrolière très chargée de ces derniers mois a mis sur le devant de la scène une entité appelée OPEP+. Ce nom est aujourd’hui régulièrement cité par un grand nombre de médias dans des commentaires et analyses sur l’évolution du marché pétrolier mondial et des prix du pétrole.
Il faut souligner d’emblée que l’OPEP+ n’est pas, comme on pourrait le croire, une organisation. L’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), elle, est une véritable organisation avec un siège (à Vienne en Autriche), un secrétariat, du personnel salarié avec un secrétaire général à sa tête et des statuts. Il n’en est pas de même de l’OPEP+. Cette appellation n’est pas non plus une dénomination officielle. Elle a été créée par les médias pour désigner un rassemblement de 23 pays producteurs et exportateurs de pétrole, dont l’existence effective remonte à la fin 2016 seulement. Rappelons que l’OPEP a été créée en septembre 1960 lors d’une conférence à Bagdad, en Irak.
Neuf pays africains au sein de l’OPEP+
L’OPEP+ comprend tous les pays membres de l’OPEP (13 Etats membres actuellement) et dix pays non membres de cette organisation. Le plus important producteur de pétrole au sein de l’OPEP+ est la Russie, qui est un pays non-OPEP, devant l’Arabie Saoudite et l’Irak, deux membres de l’OPEP.
L’Afrique joue un rôle important au sein de l’OPEP et de l’OPEP+. Sept pays africains appartiennent à l’OPEP, soit un peu plus de la moitié des Etats membres de cette organisation. Ces sept pays sont l’Algérie et la Libye, en Afrique du Nord, le Nigeria, en Afrique de l’Ouest, et l’Angola, le Congo (République du Congo), le Gabon et la Guinée Equatoriale, en Afrique Centrale. L’actuel secrétaire général de l’OPEP est Mohammad Sanusi Barkindo (Nigeria), et l’actuel président de la Conférence de l’OPEP (la Conférence regroupe les ministres du Pétrole ou de l’Energie de l’ensemble des pays OPEP et elle est l’organe décisionnel au sein de cette organisation) est Diamantino Pedro Azevedo, le ministre angolais des Ressources minérales et du Pétrole. Ce ministre assure la présidence de la Conférence pour l’année 2021. De plus, deux pays parmi les 10 non-OPEP sont Africains. Il s’agit du Soudan et du Soudan du Sud, en Afrique de l’Est. Au total, l’OPEP+ comprend neuf pays africains, ce qui représente 39% de ses effectifs.
Sur les sept pays africains membres de l’OPEP, quatre le sont depuis plusieurs dizaines d’années. La Libye a adhéré à l’organisation dès 1962, l’Algérie en 1969, le Nigeria en 1971 et le Gabon en 1975. Ce dernier pays a d’ailleurs quitté l’OPEP en janvier 1995 avant de réintégrer l’organisation 21 ans plus tard, en juillet 2016. Trois autres pays ont rejoint l’OPEP au 21ème siècle : l’Angola, en 2007, et le Congo et la Guinée Equatoriale, en 2017. Par contre, aucun pays africain ne figure parmi les cinq Etats fondateurs de cette organisation que sont l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, le Koweit et le Venezuela. Si certains Etats ont quitté l’OPEP (l’Equateur, l’Indonésie et le Qatar), aucun de ses membres africains ne s’est définitivement retiré de l’organisation dans toute l’histoire de celle-ci.
Pas de pays africains parmi les plus gros producteurs de l’OPEP+
L’Afrique pèse donc d’un poids important au sein de l’OPEP et de l’OPEP+. Ce poids est cependant plus faible si l’on examine la production de pétrole brut des pays concernés. Parmi les neuf pays africains de l’OPEP+, le plus gros producteur de pétrole brut est actuellement le Nigeria. Au second trimestre 2021, sa production de brut était de 1,32 million de barils par jour (Mb/j), selon l’U.S. Energy Information Administration (EIA), ce qui le classait au neuvième rang dans l’OPEP+.
Sur la même période, deux autres pays africains produisaient plus de 1 Mb/j, la Libye (1,17 Mb/j) et l’Angola (1,08 Mb/j). L’Algérie venait ensuite avec 0,88 Mb/j. Pour les cinq autres pays, leur production unitaire était inférieure à 300 000 b/j. On est donc très loin derrière les plus gros producteurs de l’OPEP+ qui étaient, toujours au second trimestre de cette année, la Russie (10,72 Mb/j), l’Arabie Saoudite (8,53 Mb/j) et l’Irak (4 Mb/j).
Le niveau de production pétrolière est évidemment un facteur important d’influence au sein d’un regroupement de producteurs. Cela dit, au moment de la prise de décision, chaque pays a le même poids au sein de l’OPEP et de l’OPEP+ puisque l’unanimité est requise. Le plus petit producteur peut donc bloquer le processus. Les pays africains jouent donc et continueront à jouer un rôle très significatif au sein de l’OPEP+, dont la prochaine réunion est fixée au 1er septembre 2021.
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