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Opinion
Dans cette période de catastrophe planétaire, le risque d'un nombre élevé de victimes en raison de la faiblesse des systèmes de santé de nombreux Etats africains, anglophones ou francophones, est plus qu’évident pour l’observateur averti. Les circonstances actuelles interdisent des commentaires évidemment superflus sur les infrastructures médicales, globalement défaillantes. Ces insuffisances sont connues et vécues au quotidien par les populations des diverses régions du continent, depuis la grave épidémie du Sida des années 1990, jusqu’aux dernières épidémies géographiquement localisées du début de ce siècle, comme le Sras et Ebola.
En l’absence de solidarité internationale en ces temps de fermeture des frontières et de difficultés des échanges, des pertes humaines en nombre seront à déplorer pouvant affecter indistinctement les diverses franges des populations, difficilement confinables dans les règles et non sans risques pour les personnels, dirigeant et d’encadrement, dont ceux assurant les soins de santé et la sécurité. L’équilibre et la paix de diverses régions peuvent en être affectés.
Repli national contraint
Les principales puissances, habituellement présentes par leurs produits et services marchands, Etats-Unis d’Amérique, Chine et Europe, connaissent elles-mêmes d’importantes perturbations sanitaires, économiques et financières pour être en mesure d’assister de façon bénévole, à court et à moyen termes les diverses régions en besoin. C’est à un repli national désormais contraint qu’on va assister de la part de ces puissances et des barrières encore plus visibles seront dressées face à l’extérieur. En particulier à l’égard des localités où le confinement des populations est une option pratiquement impossible à mettre en place au niveau de bidonvilles surpeuplés vivant au jour le jour. Quelques facilités financières épisodiques seront accordées ici ou là, mais guère de plan concerté d’appui pendant la pandémie et d’assistance pour en sortir.
Des pénuries des produits de première nécessité seront plus que prévisibles. Ceci en raison de l’actuelle paralysie du commerce international et du repli de précaution de nombreux cadres des multinationales expatriés progressivement des diverses et principales zones susceptibles d’être affectées sous peu par la pandémie. Le travail à distance en Afrique est encore symbolique dans les grands centres, voire inexistant dans les lieux d'extraction des matières premières et des régions rurales.
La place prise par les nouveaux médias internationaux et par le téléphone portable tend à supplanter, depuis quelques années, la communication officielle, souvent décriée dans de nombreux Etats du continent, et les populations tendront à privilégier d’autres sources d’information. En, particulier au sujet de chiffres sensibles caractérisant l’actuelle pandémie quant au nombre de personnes recensées porteuses positives et à celui des décès, pouvant donner lieu à de fortes controverses pour le moins, tant les possibilités locales de réanimation demeurent symboliques et onéreuses.
Mouvements sociaux et contestations
A court terme, la rareté des produits de première nécessité et la précarité structurelle du pouvoir d’achat des grandes franges des populations des diverses régions du continent pourraient entrainer des mouvements sociaux difficilement contrôlables par des pouvoirs publics insuffisamment préparés à y faire face dans pareille conjoncture. Même les oppositions politiques organisées de certains pays ne paraissent pas en mesure de capitaliser les contestations qui s’y manifesteraient avec les répercussions sur les institutions existantes. Divers projets et capitaux étrangers investis sur le continent se trouvent ainsi vraisemblablement compromis pour une période indéterminée dans les régions fragilisées par une contagion rampante.
Sans se livrer à quelque scénario social exhaustif approprié à chaque grande région de l’Afrique, certains Etats et grandes métropoles surpeuplées paraissent encore plus vulnérables que d’autres, notamment la partie occidentale. La pandémie risque de dicter à moyen terme un agenda autoritariste encore plus prononcé recourant au déploiement de troupes, au prétexte officiel d’assurer la mise en place de quelques mesures de protection des populations et d’assurer leur ravitaillement. L’aide internationale, devenant parcimonieuse en ces temps de multilatéralisme minimal, ne facilitera pas la tâche des divers décideurs africains à moyen terme.
Une réflexion encore plus approfondie est à développer sur l’évolution à moyen terme sur notre continent, en vue d’élaborer un profil d’assistance de proximité pouvant être initiée par le Maroc en faveur de celles des régions prioritaires pour des raisons historiques, géographiques, humanitaires et sanitaires tant notre devenir au sens propre est commun.