Publications /
Book / Report

Back
Ouverture, productivité et croissance économique au Maroc
Authors
Edition et coordination : Abdellatif Chatri
April 25, 2019

L’économie marocaine se trouve aujourd’hui à une étape cruciale de son évolution. Le ralentissement tendanciel de la croissance, persistance du chômage de masse, faibles gains de productivité, perte en compétitivité, lenteur de la transformation structurelle, approfondissement des inégalités, déclassement social... etc. sont autant d’indicateurs, dont la liste n’est pas fermée, qui plaident pour le dépassement du modèle de croissance poursuivi depuis plusieurs années. La nécessité de renouveler ce modèle fait aujourd’hui, et plus que jamais, l’unanimité. La manière d’y parvenir ne va pas pour autant de soi et ne se fera pas naturellement du jour au lendemain. Cependant, il serait illusoire de repenser ce modèle sans placer les défis que posent les questions d’ouverture, de compétitivité et de productivité au centre de la réflexion.

Dans cette perspective, le Laboratoire d’Économie Appliquée (Université Med V) et le Policy Center for the New South se sont engagés dans un projet de recherche, appuyé par le Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique, visant l’approfondissement des connaissances et d’analyses sur l’ouverture et les transformations structurelles de l’économie marocaine. Plusieurs manifestations et activités scientifiques ont été ainsi organisées, dont notamment la publication, en 2016, d’un ouvrage intitulé « Equilibres externes, compétitivité et processus de transformation structurelle de l’économie marocaine ».

Le présent ouvrage vise à prolonger cette réflexion en mettant le curseur sur les deux principales fragilités auxquelles se heurte le rehaussement du potentiel de la croissance de l’économie marocaine, à savoir une ouverture peu réussie et une productivité au ralenti. En effet, si le Maroc a misé, depuis belle lurette, sur l’ouverture, force est cependant de constater que le bilan de cette ouverture est mitigé, et dans tous les cas en deçà des attentes. D’une certaine manière, la faiblesse des gains de productivité est à la fois la cause et la conséquence de ce bilan peu satisfaisant. Elle est la cause parce qu’elle affecte la compétitivité de l’économie nationale et exerce des pressions sur son offre exportable traditionnelle. Elle l’empêche aussi de monter dans la gamme et de se libérer du « piège » des activités à faible contenu en valeur ajoutée et en technologie. Cette faiblesse des gains de productivité peut être vue, par ailleurs, comme la conséquence d’une ouverture peu préparée, peu maitrisée et peu orientée vers un positionnement dans les chaines de valeur mondiales permettant de profiter pleinement de ses retombées en termes de diffusion technologique, de renforcement de la capacité d’absorption, d’apprentissage par les exportations et d’autres externalités susceptibles d’améliorer la productivité tant factorielle que globale.

Cet ouvrage s’inscrit justement dans ce cadre et vise à apporter plus d’éclairage sur les liens existant entre ouverture, productivité et croissance économique. Il comprend une série de papiers sélectionnés en deux temps par le comité scientifique. D’abord, l’appel à communications lancé en juillet 2017 a permis de sélectionner 12 papiers, qui ont été présentés et discutés dans le cadre du colloque organisé sur la même thématique le 22 février 2018 à l’Université Med V. Ce colloque a été, par ailleurs, une occasion pour proposer des pistes de réflexion plus pertinentes et des approches méthodologiques plus appropriées. Ensuite, et sur la base des rapports des évaluateurs anonymes des papiers reçus en réponse à l’appel à contribution lancé en mars 2018, le comité scientifique a sélectionné les 16 papiers de cet ouvrage. Tout au long de ce processus de sélection, le comité scientifique a veillé à ce que les papiers retenus pour publication garantissent la diversité requise tant d’angles d’analyse, que d’approches méthodologiques.

C’est ainsi que les papiers retenus ont été répartis sur quatre parties. La première comprend les travaux qui traitent des canaux macro-économiques d’impact de l’ouverture sur la productivité et la croissance. Les investigations ont notamment mis l’accent sur les retombées de l’ouverture sur l’accumulation des capitaux (humain et institutionnel), le transfert technologique, la capacité d’absorption et les efforts en innovation. La deuxième partie regroupe les travaux ayant privilégié l’approche sectorielle. L’impact de l’ouverture sur le développement du secteur industriel, l’apprentissage par l’exportation des entreprises manufacturières, l’intégration du secteur automobile, et la contribution du changement structurel à la croissance de la productivité en constituent les principaux axes de réflexion. La troisième partie est constituée des papiers qui traitent des chocs liés à l’ouverture (volatilité de la croissance, prix du pétrole) et des politiques qui peuvent en atténuer les effets (régime et gestion du taux de change). Finalement, la quatrième partie se veut comme un focus sur l’intérêt et les enjeux de l’adhésion éventuelle du Maroc à la CEDEAO.

RELATED CONTENT

  • June 15, 2021
    يخصص مركز السياسات من أجل الجنوب الجديد حلقة خاصة من برنامجه الأسبوعي "حديث الثلاثاء" لقراءة وتأمل بعض دعامات تقرير اللجنة الخاصة بالنموذج التنموي الجديد الذي يحمل تشخيصاً للأوضاع الاقتصادية والاجتماعية والسياسية بالمغرب، ويقدّم رؤية عن التوجهات، التي ينبغي أن تسير عليها البلاد في أفق 2...
  • May 31, 2021
    La Diaspora marocaine, qui compte aujourd’hui près de 5 millions de ressortissants à l’étranger, contribue de manière significative au développement économique du Maroc.  Leurs transferts de fonds jouent un rôle crucial dans la réduction de la pauvreté, surtout en milieu rural.  Ils permettent également d’améliorer l’accès à l'éducation et à la santé. Les transferts des Marocains du monde qui, généralement, occupaient le deuxième poste de recettes dans la balance des paiements du Ma ...
  • May 20, 2021
    The Policy Brief ‘Pandemic, Preparedness, Morocco, and Africa’ by Uri Dadush provoked a personal reaction: Morocco may never be crowned football’s world champions, alas, but which nation, besides China, New Zealand, Israel, Japan, Denmark, Vietnam, organized its anti-COVID-19 offensive more digitally and in a more modern way than the Kingdom? Morocco’s bureaucracy is at times suffocating and unpleasant, its public hospital system stressed and underfunded. But today I can vouch for a ...
  • April 26, 2021
    La Tunisie a fêté récemment le 10ème anniversaire de la révolution qui a mis fin à l’ancien régime bénalien et défini les principes de la IIème République. Ayant pour principales doléances la croissance économique et la justice sociale, la révolution tunisienne était exclusivement sociale. Or, l’appropriation de la révolution par l’Assemblée nationale constituante (ANC) et le quartet du dialogue national qui ont privilégié le chantier des réformes démocratiques au détriment des réfo ...
  • Authors
    Attioui Abdelali
    Billaudot Bernard
    Chafiq Adnane
    December 30, 2020
    Le présent rapport a pour objet d’analyser les implications sur la croissance et le développement du Maroc de son insertion dans l’économie mondiale. Cette analyse est menée en comparant la dynamique économique observée après 1998 à celle qui l’a été avant. En effet, la période 1998-2018 est celle au cours de laquelle se sont manifestés les effets du choix acté et assumé politiquement de l’ouverture (ou du libre-échange, si on préfère). Pour avant, nous nous en tenons à la période 1 ...
  • December 16, 2020
    The COVID-19 pandemic has hit the Moroccan economy hard, as elsewhere in the world. A collapse in external demand and a lockdown lasting more than three months have profoundly altered economic activity in Morocco, causing its first recession since 1995. The implementation of the confinement and social distancing measures was strict and came two weeks after the detection of the first cases of COVID-19 in Morocco on March 2, 2020. The lockdown was extended three times and lasted aroun ...
  • Authors
    December 14, 2020
    L’économie marocaine fait face à une année 2020 extrêmement difficile et complexe. La crise provoquée par le choc de la Covid-19 est singulière, multicanale et fondamentalement différente des crises précédentes. Elle altère le système productif par un double choc d’offre et de demande, amplifié, de passage, par une crise de confiance. Alors que l’année 2020 touche à sa fin, il est crucial de dresser une première évaluation circonstanciée des ramifications de cette crise, qui permett ...
  • September 2, 2020
    The year 2020 is one of the most difficult years for the global automotive industry. The pandemic first appeared in a region of China known for its developed automotive sector. Initially, it was the South Asian manufacturers who first felt the impact of the shutdown in China before the pandemic shifted to Europe and the United States and before the disruption of value chains took on a global dimension. In Morocco, the sector has not remained immune to this turbulent context and its ...
  • August 7, 2020
    L’industrie automobile mondiale est confrontée à une année 2020 des plus difficiles. La pandémie est apparue pour la première fois dans une région chinoise réputée pour son secteur automobile développé. Dans un premier temps, ce sont les constructeurs sudasiatiques qui ont subi les premières ondes de l’arrêt de l’activité en Chine avant que le foyer pandémique se déplace en Europe et aux Etats-Unis et que la perturbation des chaînes de valeurs prenne une dimension cette fois-ci mond ...
  • Authors
    Amine Harastani Madani
    July 29, 2020
    Parler de de l’Union africaine sans évoquer la place qu’y occupe le Maroc serait incomplet, car le Royaume a contribué activement à la construction africaine, s’en est séparé, en signe de protestation contre le non-respect de la légalité internationale par les organes de la défunte Organisation de l’Unité africaine pour, ensuite, y retourner, dans le cadre de l’Union africaine. Doit-on parler de retour ou d’admission ? Indépendamment de la réponse apportée à cette question, il convi ...