Publications /
Opinion

Back
OPEP, OPEP+ et Afrique
August 16, 2021

L’actualité pétrolière très chargée de ces derniers mois a mis sur le devant de la scène une entité appelée OPEP+. Ce nom est aujourd’hui régulièrement cité par un grand nombre de médias dans des commentaires et analyses sur l’évolution du marché pétrolier mondial et des prix du pétrole.

Il faut souligner d’emblée que l’OPEP+ n’est pas, comme on pourrait le croire, une organisation. L’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), elle, est une véritable organisation avec un siège (à Vienne en Autriche), un secrétariat, du personnel salarié avec un secrétaire général à sa tête et des statuts. Il n’en est pas de même de l’OPEP+. Cette appellation n’est pas non plus une dénomination officielle. Elle a été créée par les médias pour désigner un rassemblement de 23 pays producteurs et exportateurs de pétrole, dont l’existence effective remonte à la fin 2016 seulement. Rappelons que l’OPEP a été créée en septembre 1960 lors d’une conférence à Bagdad, en Irak.

Neuf pays africains au sein de l’OPEP+

L’OPEP+ comprend tous les pays membres de l’OPEP (13 Etats membres actuellement) et dix pays non membres de cette organisation. Le plus important producteur de pétrole au sein de l’OPEP+ est la Russie, qui est un pays non-OPEP, devant l’Arabie Saoudite et l’Irak, deux membres de l’OPEP.

L’Afrique joue un rôle important au sein de l’OPEP et de l’OPEP+. Sept pays africains appartiennent à l’OPEP, soit un peu plus de la moitié des Etats membres de cette organisation. Ces sept pays sont l’Algérie et la Libye, en Afrique du Nord, le Nigeria, en Afrique de l’Ouest, et l’Angola, le Congo (République du Congo), le Gabon et la Guinée Equatoriale, en Afrique Centrale. L’actuel secrétaire général de l’OPEP est Mohammad Sanusi Barkindo (Nigeria), et l’actuel président de la Conférence de l’OPEP (la Conférence regroupe les ministres du Pétrole ou de l’Energie de l’ensemble des pays OPEP et elle est l’organe décisionnel au sein de cette organisation) est Diamantino Pedro Azevedo, le ministre angolais des Ressources minérales et du Pétrole. Ce ministre assure la présidence de la Conférence pour l’année 2021. De plus, deux pays parmi les 10 non-OPEP sont Africains. Il s’agit du Soudan et du Soudan du Sud, en Afrique de l’Est. Au total, l’OPEP+ comprend neuf pays africains, ce qui représente 39% de ses effectifs.

Sur les sept pays africains membres de l’OPEP, quatre le sont depuis plusieurs dizaines d’années. La Libye a adhéré à l’organisation dès 1962, l’Algérie en 1969, le Nigeria en 1971 et le Gabon en 1975. Ce dernier pays a d’ailleurs quitté l’OPEP en janvier 1995 avant de réintégrer l’organisation 21 ans plus tard, en juillet 2016. Trois autres pays ont rejoint l’OPEP au 21ème siècle : l’Angola, en 2007, et le Congo et la Guinée Equatoriale, en 2017. Par contre, aucun pays africain ne figure parmi les cinq Etats fondateurs de cette organisation que sont l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, le Koweit et le Venezuela. Si certains Etats ont quitté l’OPEP (l’Equateur, l’Indonésie et le Qatar), aucun de ses membres africains ne s’est définitivement retiré de l’organisation dans toute l’histoire de celle-ci.

Pas de pays africains parmi les plus gros producteurs de l’OPEP+

L’Afrique pèse donc d’un poids important au sein de l’OPEP et de l’OPEP+. Ce poids est cependant plus faible si l’on examine la production de pétrole brut des pays concernés. Parmi les neuf pays africains de l’OPEP+, le plus gros producteur de pétrole brut est actuellement le Nigeria. Au second trimestre 2021, sa production de brut était de 1,32 million de barils par jour (Mb/j), selon l’U.S. Energy Information Administration (EIA), ce qui le classait au neuvième rang dans l’OPEP+.

Sur la même période, deux autres pays africains produisaient plus de 1 Mb/j, la Libye (1,17 Mb/j) et l’Angola (1,08 Mb/j). L’Algérie venait ensuite avec 0,88 Mb/j. Pour les cinq autres pays, leur production unitaire était inférieure à 300 000 b/j. On est donc très loin derrière les plus gros producteurs de l’OPEP+ qui étaient, toujours au second trimestre de cette année, la Russie (10,72 Mb/j), l’Arabie Saoudite (8,53 Mb/j) et l’Irak (4 Mb/j).

Le niveau de production pétrolière est évidemment un facteur important d’influence au sein d’un regroupement de producteurs. Cela dit, au moment de la prise de décision, chaque pays a le même poids au sein de l’OPEP et de l’OPEP+ puisque l’unanimité est requise. Le plus petit producteur peut donc bloquer le processus. Les pays africains jouent donc et continueront à jouer un rôle très significatif au sein de l’OPEP+, dont la prochaine réunion est fixée au 1er septembre 2021.

 

Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que leur auteur.

RELATED CONTENT

  • Authors
    November 29, 2024
    After the European Parliament cleared the 26 candidates proposed by Member States to form the European Commission for 2024-2029, the new European super-ministers will take up their functions on 1 December, with a revised portfolio structure. Where does Africa fit into this new organizational chart of the European Commission? Jozef Síkela, a Czech banker with a professional career in Austria, Slovenia and Ukraine, lately serving as his country’s Ministry of Industry, has been appoin ...
  • October 29, 2024
    يخصص مركز السياسات من أجل الجنوب الجديد حلقة برنامجه الأسبوعي "حديث الثلاثاء لمناقشة موضوع " إفريقيا والعضوية الدائمة في مجلس الأمن: طموح وتحديات ". تأسس مجلس الأمن على أرضية توازنات أفرزتها الحرب العالمية الثانية، حينها كانت الأمم المتحدة تضم 50 عضوا فقط. الآن، وبعد مرور أكثر من 75 عا...
  • Authors
    September 24, 2024
    Après presque 80 ans de la création de l’Organisation des Nations Unies, l’Afrique n’est toujours pas admise comme membre permanent au sein de son super organe : le Conseil de Sécurité. Cette « discrimination institutionnelle » à l’endroit des pays africains est aujourd’hui juridiquement indéfendable et politiquement insoutenable. Mais, par- dessus tout, une telle mise à l’écart de 54 États représentant plus d’un milliard de personnes est stratégiquement défavorable pour ...
  • Authors
    September 24, 2024
    Nearly 80 years after the establishment of the United Nations, Africa has yet to be granted a permanent seat on its most powerful organ, the Security Council. This "institutional discrimination" against African countries is both legally indefensible and politically untenable. Moreover, for Western nations seeking legitimacy and adaptation in a changing global geopolitical landscape, excluding 4 states representing over a billion people is strategically disadvantageous. This Policy B ...
  • Authors
    Hung Tran
    August 13, 2024
    The African Union (AU) will attend the next G20 Summit as a full member under Brazil’s presidency in November 2024 in Rio de Janeiro, having been admitted to the group last year. This marks a significant step forward in amplifying Africa’s voice in global forums. Established in 2002 as the successor to the Organization of African Unity (founded in 1963), the AU aims to promote political and economic integration across the continent. It has provided a vital forum for discussion and n ...
  • Authors
    May 3, 2024
    The African National Congress (ANC), which has dominated the political scene in South Africa since 1994, began a downward trend in terms of votes won during the 2009 elections. However, this decline has never cast doubt on the ANC’s dominant position in the South African political landscape. Even at the lowest point in its popularity, during the “State Capture” scandal of 2019, a corruption scandal involving former President Jacob Zuma, the ANC won 57.5% of the vote, which largely a ...
  • Authors
    April 26, 2024
    L’African National Congres (ANC), qui domine la vie politique en Afrique du Sud depuis 1994, a entamé, lors des élections de 2009, une pente descendante, en termes de voix remportées lors des élections générales. Cependant, ce recul n’a jamais mis en doute la prédominance de l’ANC dans le panorama politique sud-africain. Au plus bas de sa popularité en 2019, en raison de l’affaire de « Capture de l’État », un scandale de corruption dans lequel a été impliqué l’ancien pre ...
  • Authors
    Imane Lahrich
    April 8, 2024
    Breaking Bonds, Forging Alliances On January 28, 2024, the military leaders of Niger, Mali, and Burkina Faso declared their joint intention to exit the Economic Community of West African States (ECOWAS), presenting three substantial criticisms against the regional organization. Their foremost claimed grievance was that ECOWAS has departed from its foundational vision, implying that foreign influences have diverted the regional organization from its essential values to the detriment ...
  • Authors
    Zineb Faidi
    April 5, 2024
    L’actualité politique en Afrique est marquée par une série de ruptures qui fait écarquiller les yeux de certains observateurs. Une vague de coups d’État, le retrait de la France de certains pays du continent, la fin du G5 Sahel, la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) et le disloquement d’une des Communautés économiques régionales (CER) les plus « intégrées » d’Afrique, la CEDEAO, sont des évènements, tantôt perçus comme une bouffée d’air frais et un espoir de renouveau a ...