Publications /
Opinion

Back
Le plaidoyer de l’Afrique pour le gaz naturel
Authors
November 2, 2021

Quelques jours avant le début de la COP 26 à Glasgow, en Ecosse, la Commission africaine de l’énergie (AFREC) (a) a voulu souligner que le gaz naturel pouvait jouer un rôle important dans le paysage énergétique africain. Le 25 octobre, l’AFREC a publié un communiqué de presse pour mettre en valeur une ‘’note d’orientation politique sur l’énergie’’ qui avait été achevée en juillet 2021.

Le changement climatique est largement causé par la production et la consommation massive des énergies fossiles, le pétrole, le charbon et le gaz naturel par ordre décroissant dans la consommation mondiale d’énergie. Dans le débat sur cette question clé, certains entendent donc réduire le plus fortement et le plus rapidement possible la part des combustibles fossiles, dont le gaz naturel, dans le bilan énergétique mondial. D’autres estiment que le gaz naturel est nécessaire dans la transition énergétique, car il génère moins d’émissions de CO2 que le pétrole et nettement moins que le charbon alors que le monde ne pourra pas se passer rapidement des énergies fossiles. Dans cette perspective, il vaut mieux favoriser le gaz, notamment pour le substituer au charbon dans la production d’électricité.

Gaz naturel et bien-être à long terme

L’AFREC a clairement pris position pour la seconde option dans ce débat très actuel. Commissaire aux Infrastructures et à l’Energie à la Commission de l’Union Africaine (UA), Amani Abou-Zeid a souligné que l’Afrique avait des ressources abondantes d’énergie, dont le gaz naturel, et que ces ressources pouvaient ‘’transformer les vies et les opportunités économiques du continent’’. Ces ressources peuvent être une source de prospérité, renforcer les liens entre pays africains par le biais du commerce, faire progresser le développement social et permettre à l’Afrique de moins dépendre du charbon de bois et du bois de chauffage, ce qui pourrait avoir des conséquences sanitaires favorables, en particulier pour les femmes et les enfants. Des ressources telles que le gaz naturel peuvent être utilisées pour ‘’promouvoir le bien-être à long terme dans le cadre de la transition énergétique’’, a ajouté Mme Abou-Zeid.

Le directeur exécutif de l’AFREC, Rashid Ali Abdallah, estime que le gaz naturel pourrait contribuer à améliorer de façon importante l’approvisionnement de l’Afrique en électricité. Mais certaines conditions doivent être remplies pour cela, dont le développement des infrastructures de transport, la création de marchés plus performants, l’intégration des niveaux nationaux, régionaux et continental pour la valorisation du gaz et l’accroissement de la connectivité gazière.

Plus de pays africains doivent pouvoir profiter des avantages du gaz naturel

Selon l’AFREC, les pays africains qui utilisent le gaz comme source de production d’énergie ont vu leur approvisionnement en électricité augmenter trois fois plus rapidement, au cours des dix dernières années, que ceux qui n’ont pas eu recours à ce combustible. Il est donc important pour l’AFREC de chercher à faire bénéficier un plus grand nombre de pays du continent du gaz naturel. La Commission appelle à juste titre les Etats africains à coopérer davantage pour construire les infrastructures requises en vue de développer les réseaux gaziers et les interconnexions électriques. Cela permettrait d’accroître l’accès des populations africaines à l’énergie tout en réduisant la dépendance du continent envers le pétrole et le charbon, donc en réduisant les émissions de CO2.

L’AFREC appelle les pays africains à trouver un équilibre entre la volonté de vendre du gaz naturel à l’étranger pour accroître leurs recettes d’exportation et l’avantage que représente l’utilisation interne du gaz pour ‘’booster’’ leurs économies. Elle demande également à ces pays de veiller à minimiser le gaspillage du gaz, tant au niveau de la production que de l’utilisation, ce qui inclut, bien sûr, le torchage du gaz associé au pétrole, un gaspillage économique et une source de pollution locale et globale.

Il y a, donc, des conditions à remplir pour augmenter de façon très significative la contribution du gaz naturel à la satisfaction des besoins énergétiques de l’Afrique. Mais les Etats du continent ont bien l’intention de bénéficier des avantages du gaz. Juste avant la COP26, qui a débuté le 31 octobre, leur message était très clair.

 Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que leur auteur.

(a)Basée à Alger, l’AFREC a été créée suite à une décision de l’OUA (aujourd’hui Union Africaine) en 2001. Elle regroupe tous les membres de l’Union Africaine, dont elle est une agence spécialisée.

RELATED CONTENT

  • Authors
    Sous la direction de : Philippe Chalmin
    October 25, 2021
    Fruit d’une collaboration étroite entre CyclOpe et le Policy Center for the New South (PCNS), le rapport Arcadia – pour Annual Report on Commodity Analytics and Dynamics In Africa – se fonde sur une réalité bien connue : les matières premières fa- çonnent et façonneront une large part de la physionomie des économies africaines et doivent, en raison de cette dimension stratégique, faire l’objet d’analyses dédiées. À cet égard, ce rapport est probablement unique. Il offre en effet un ...
  • October 15, 2021
    The European Commission recently presented several legislative proposals as part of its “Fit for 55” initiative, designed to accelerate the reduction of greenhouse gas emissions and achieve carbon neutrality by 2050. A Carbon Border Adjustment Mechanism (CBAM) has been proposed as part of this initiative. The CBAM would be complementary to the EU’s Emission Trading Scheme (ETS), involving CBAM certificates issued to importers based on the integrated emissions intensity of the produc ...
  • Authors
    October 1, 2021
    Africa is often overlooked in international policy conversations about climate change, but the continent has not been spared extreme weather events. On the eve of COP26, in Glasgow, United Kingdom, in October 2021, and as the African Union formulates a climate strategy for the continent, it is worth recalling how global warming is affecting different parts of Africa and how the continent fits into policy conversations on climate change. ...
  • Authors
    Raffaele Della Croce
    Miguel Vazquez
    September 29, 2021
    In order to close the financing gap in green technologies, finding new mechanisms to enhance the participation of the private sector, combined with that of the public sector, in financing sustainable and climate-resilient infrastructure is a must. In this context, some unlisted instruments are going to be needed to enhance financing of green infrastructure. Besides, the development of properly structured projects, with risks and returns in line with the preferences of the different ...
  • August 27, 2021
    Il est bien connu que le poids de l’Afrique sur la scène énergétique mondiale est faible, ce qui est le reflet de son poids économique. En 2020, en termes de consommation, la part de l’Afrique dans le total mondial ne dépassait pas 3% à 4%. De plus, cette part n’a que très peu augmenté au cours des dix dernières années. L’an dernier, l’Afrique ne représentait que 3,3% de la consommation mondiale d’énergie primaire (pétrole, gaz naturel, charbon, énergie nucléaire, hydroélectricité ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    July 29, 2021
    As decarbonization is a long-term process and requires significant investments, specific financial and non- financial measures will need to be implemented, both in the short and long term, to facilitate this transition. In Part II of Morocco’s decarbonization pathway Policy Brief series, an update of the decarbonization scenarios was presented. It revealed that the Increased Ambition and Green Development scenarios achieve higher decarbonization targets than current policy. It showe ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    July 23, 2021
    La décarbonisation est un processus à long terme qui nécessite des investissements importants. Ainsi, des mesures financières et non financières spécifiques devront être mises en œuvre, à la fois à court et à long termes, pour faciliter cette transition. Dans la deuxième partie de la série de Policy Briefs sur la trajectoire de décarbonisation du Maroc, une mise à jour des scénarios de décarbonisation a été présentée. Elle révèle que les scénarios « Ambition accélérée » et « Dévelop ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    July 19, 2021
    Morocco's significant renewable energy resources offer an unprecedented opportunity to anchor the country’s economic and political choices in the energy transition, and to turn the transition into an essential lever for economic development. This is all the more relevant as the costs of renewable energies have dropped over the past 10 years2, and now offer strong potential, not only for creating green jobs but for ensuring a dynamic and resilient economic growth as well. In 2020, ne ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    July 9, 2021
    Les importantes ressources en énergies renouvelables du Maroc offrent une opportunité sans précédent d’ancrer les choix économiques et politiques du pays dans la transition énergétique, et de faire de cette transition un levier essentiel du développement économique. Ceci est d’autant plus important que le coût des énergies renouvelables a baissé au cours des 10 dernières années2 et présente désormais un fort potentiel, non seulement de création d’emplois verts mais aussi de croissan ...
  • Authors
    Chami Abdelilah
    Derj Atar
    Hammi Ibtissem
    Morazzo Mariano
    Naciri Yassine
    with the technical support of AFRY
    July 9, 2021
    The consequences of climate change are becoming progressively more visible in Morocco. Changes in rainfall patterns and drought, increases in average temperatures and heatwaves, flooding, and rising sea levels are increasingly affecting several regions. Yet, Morocco has a relatively low greenhouse gas (GHG) emission rate, compared to other countries. In 20162, Morocco’s total GHG emissions reached 86127.7 gigagram of carbon dioxide equivalent (Gg CO2-eq), totaling around 0.2% of glo ...