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Ce livre est l’aboutissement d’un appel à communications organisé conjointement par le Policy Center for the New South et le Laboratoire d’Economie appliquée de la Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) Rabat-Agdal. Il s’agit d’un nouveau maillon dans la collaboration entre les deux institutions depuis 2015 qui consacre la volonté et l’engagement du Policy Center for the New South d’entretenir des liens étroits avec le monde académique et d’offrir aux chercheurs universitaires une plateforme de valorisation et de dissémination de leurs idées et perspectives.
Cet appel à communications a ouvert le champ de réflexion sur la thématique du capital humain. Il vient s’ajouter aux problématiques abordées dans les précédentes éditions, et qui ont touché aux politiques macroéconomiques, à l’ouverture et à la transformation structurelle de l’économie marocaine. La théorie du capital humain érige la connaissance accumulée et la santé au rang des investissements et recommande aux décideurs, et notamment à ceux des pays en développement, d’en faire le point d’ancrage de leurs politiques économiques et sociales à moyen et long termes. Seul un investissement dans l’être humain peut être porteur de bien-être pour l’individu, la communauté et pour l’économie toute entière, puisqu’il est catalyseur de la réussite de toute action publique qui se fixe la prospérité comme finalité.
Ces investissements sont nécessaires non seulement pour mettre les nations sur la voie de la croissance économique, mais aussi en vue de doter les générations futures des qualités d’agilité et de flexibilité dont l’acquisition est rendue nécessaire par les exigences complexes du marché de travail de demain.
Dans cet esprit, le Maroc place l’investissement dans l’être humain au cœur de son développement économique et social. En effet, son adhésion aux Objectifs du millénaire du développement (OMD, 2000-2015), puis aux Objectifs du développement durable (ODD, 2016-2030), témoigne d’une volonté à atteindre l’ensemble de ces cibles dont celles qui concernent la promotion d’une éducation de qualité, l’amélioration du système de santé et la réduction des inégalités. Des avancées ont été réalisées en la matière et les efforts de massification d’accès ont permis de généraliser la scolarisation de base et d’élargir l’offre de soins. Néanmoins, ces efforts ne semblent pas être accompagnés par une amélioration de la qualité des prestations de services publics.
Au-delà de ce constat général, la problématique du capital humain au Maroc comporte des ramifications bien plus complexes, qui nécessitent des analyses circonstanciées et approfondies. Ainsi, ce livre, à travers ses 17 chapitres, sélectionnés minutieusement selon les critères de qualité et d’approches méthodologiques, s’inscrit dans cette optique. Celle de creuser dans les questions les plus pointues qui gravitent autour de notre thématique, en particulier dans les secteurs de l’éducation et de la santé.
L’ouvrage est structuré en trois parties. La première partie est consacrée à un cadrage méthodologique et conceptuel, et dans laquelle les recherches étudient la mesure confectionnée en 2018 par la Banque mondiale, à savoir l’indice du capital humain (HCI). Il est sujet à des incertitudes statistiques et économétriques qui remettent en cause le classement des pays qui en ressortent. A cet effet, il est proposé une approche systématique qui pallie ces incertitudes par la construction d’intervalles de confiance au HCI. Aussi, dans un souci d’intégration du nouveau découpage territorial, d’autres recherches tentent de mesurer le capital humain au Maroc en tenant compte de la double dimension éducation et santé.
La deuxième partie de l’ouvrage aborde la question du capital humain sous l’angle de l’éducation. Cette partie développe et affirme l’idée de l’apport marginal du capital humain à la croissance en raison essentiellement de la faiblesse du secteur de l’éducation et de son incapacité à fournir à l’économie des compétences à même d’améliorer la productivité et, donc, de mettre le pays sur la voie de la transformation structurelle. Les inégalités des chances d’accès à l’enseignement et la qualité des enseignants au Maroc retentissent négativement sur la performance scolaire. En effet, une bonne partie des élèves n’arrivent pas à « franchir la ligne de maîtrise minimale en lecture, en mathématiques et en sciences » (selon PISA-2018). Les performances des élèves en mathématiques, selon une analyse multi-niveaux, dépendent, en grande partie, de l’origine sociale et des caractéristiques individuelles, familiales des étudiants et du milieu d’implantation de l’école. Bien que l’accès à l’éducation et les inégalités de sa répartition au Maroc soient le facteur qui affecte le plus le bien-être des Marocains, il n’en demeure pas moins que la santé reste une composante importante du développement humain du pays.
Aussi, le capital humain sous l’angle de la santé constitue-t-il le troisième axe de l’ouvrage. La santé est étudiée en tant que partie intégrante et primordiale du développement et c’est à ce titre que les travaux s’intéressent aussi bien à l’examen de l’iniquité d’accès aux soins qu’aux inégalités territoriales dans l’offre de soins. Ces inégalités persistent malgré la mise en place du programme d’assistance médicale RAMED. L’évaluation d’impact de ce dernier sur la base des données issues de l’enquête panel des ménages 2019 de l’Office National du Développement Humain (ONDH) confirme qu’il existe un faible effet positif sur la variable « accès aux soins de santé » et, par conséquent, un impact marginal sur la réduction des inégalités sanitaires.
Puissent toutes celles et ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à l’élaboration de ce modeste travail, trouver ici l’expression profonde de notre gratitude et reconnaissance.