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Opinion
L’Afrique a un important potentiel pétrolier et gazier, lequel est largement sous-exploité. On ne sera donc pas étonné par le fait que plusieurs pays africains sont sur le point de devenir de nouveaux pays producteurs et exportateurs de pétrole et/ou de gaz naturel et que d’autres, qui sont déjà producteurs, soient prochainement en mesure d’accroître cette production. Pensons notamment au Sénégal pour le pétrole et le gaz naturel ; à la Mauritanie pour le gaz ; à l’Ouganda pour le pétrole ; et au Mozambique et à la Tanzanie pour le gaz. Cette liste n’est pas exhaustive.
Tout récemment, une découverte pétrolière a été réalisée en Côte d’Ivoire. Nous présentons ci-dessous les cinq éléments clés qu’il faut avoir à l’esprit, à ce jour, à propos de cette annonce :
- De quelle découverte est-il question ?
C’est une découverte d’hydrocarbures en mer profonde (à environ 60 kilomètres de la côte par 1 200 mètres de profondeur d’eau) qui s’étend sur deux permis offshore, les blocs CI-101 et CI-802. Elle est qualifiée, à juste titre, d’importante. Le nom du champ découvert est Baleine, ce qui est assez expressif. On ne donnerait évidemment pas un tel nom à un petit gisement. En termes géologiques, les hydrocarbures découverts remontent à la période du Crétacé (entre -145 et -65 millions d’années environ), une partie de l’ère géologique du Mésozoïque (que l’on appelait avant ère secondaire).
- Qui est à l’origine de cette découverte et peut-on la quantifier ?
Le champ Baleine a été découvert par le groupe énergétique italien Eni, qui détient une participation de 90% sur les blocs CI-101 et CI-802. Son partenaire est Petroci Holding (10%), la Société Nationale des Opérations pétrolières de la Côte d’Ivoire.
Il faut toujours rester prudent en termes de chiffres pour une découverte récente, ce qui est le cas en l’espèce. L’estimation préliminaire du potentiel avancée par Eni est de 1,5 milliard à 2 milliards de barils de pétrole en place dans le réservoir. Il s’agit donc incontestablement d’une grosse découverte. Le réservoir contient aussi du gaz naturel associé au pétrole et, là encore, il est question de volumes importants : de l’ordre de 50 à 56 milliards de mètres cubes, selon Eni. Ajoutons que le réservoir présente de bonnes caractéristiques géologiques et que le pétrole qui a été découvert est un brut léger de bonne qualité.
- Que va-t-il se passer à présent ?
Deux choses. Eni et Petroci vont d’abord conduire un programme d’appréciation en vue de mieux évaluer le potentiel de cette découverte. Il est possible que les estimations chiffrées avancées ci-dessus soient revues à la hausse mais n’anticipons pas pour l’instant. En même temps, les deux partenaires vont lancer des études pour préparer le développement de Baleine. Eni a précisé que son objectif était une mise en production rapide, ce qui est important pour le groupe italien mais aussi pour la Côte d’Ivoire.
- Pourquoi cette découverte est-elle importante pour Eni ?
Le groupe italien détient des participations sur cinq permis en Côte d’Ivoire (CI-101, CI-205, CI-501, CI-504 et CI-802), le tout en association avec Petroci Holding, et le premier puits d’exploration foré vient de déboucher sur une importante découverte, ce qui signifie une production future et des recettes et des profits futurs. Cette découverte vient s’ajouter à d’autres succès d’Eni dans l’exploration, notamment en Afrique, et la compagnie renforce donc sa visibilité au sein de l’industrie pétrolière et son implantation, déjà forte, sur le continent africain. Sa stratégie d’exploration est, une nouvelle fois, validée.
- Pourquoi cette découverte est-elle importante pour la Côte d’Ivoire ?
Le pays est pour l’instant un petit producteur d’hydrocarbures. Avec le développement de Baleine, il pourrait changer d’échelle en matière de production. Cela aurait, bien sûr, un impact fortement haussier sur les futures recettes d’exportation et les recettes budgétaires du pays. De plus, cela faisait une vingtaine d’années que la Côte d’Ivoire n’avait pas enregistré de découvertes importantes. La plus récente est celle du champ pétrolier Baobab, en 2001. Baleine est donc susceptible d’accroître l’attractivité de la Côte d’Ivoire auprès de l’industrie pétrolière internationale.
Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que leur auteur.