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Opinion
1- Face au danger : Etat responsable et population disciplinée
Les épidémies et les pandémies font partie des risques globaux qu’encourt le monde moderne. Si l’effet de ces fléaux connus depuis longtemps par l’humanité, est aujourd’hui diminué par les progrès scientifiques en matière de santé, le danger n’est pourtant pas écarté du fait des progrès de la communication et des avancées dans les domaines du transport. Avec un monde aux continents plus facilement reliés et des humains de plus en plus interconnectés, le risque de contact et de contagion augmente, d’une part, et la propagation de rumeurs et de fausses informations accentuent la panique.
Le cas du Covid-19 qui affecte environ 100 000 personnes dans le monde - valeur première semaine de mars- est le cas type de la pandémie au 21ème siècle (voir, ci-contre, tableau OMS du 5 mars). Les milliers de vols qui relient quotidiennement les quatre coins du globe, facilitent le voyage des virus à travers le monde et les millions de messages quotidiens qui traversent la toile internet véhiculent parmi les informations fiables une masse importante de rumeurs et de ‘’fake news’’.
Situation épidémiologique au niveau mondial au 5 mars 2020 (OMS)
|
Monde |
Chine |
Hors Chine |
Italie |
Corée du Sud |
Iran |
Nombre de cas contaminés |
96726 |
80581 |
16145 |
3089 |
6088 |
3513 |
Nombre de cas décédés |
3305 |
3019 |
286 |
107 |
35 |
107 |
Taux de mortalité |
3,4% |
3,7% |
1,8% |
3,5% |
0,6% |
3% |
Nombre de guérisons |
53638 |
52291 |
1347 |
276 |
41 |
739 |
Taux de guérison |
55,5% |
64,9% |
8,3% |
8,9% |
0,7% |
21% |
Face à ce danger, deux acteurs principaux : l’Etat et la population. Le premier, censé être stratège, doit dessiner les plans de bataille et, le second, supposé être la force de frappe, doit observer la discipline dans l’exécution. La vie des deux en dépend.
Si les Etats doivent s’acquitter de leur devoir de protéger leurs populations respectives du fléau, il n’en demeure pas moins nécessaire de les prémunir également contre la fausse information qui, non seulement crée la panique mais, surtout, porte préjudice à l’organisation de la lutte et sape les dispositifs de protection. Les différents plans pris par les Etats ne visent pas uniquement à juguler la propagation du virus, mais également à assurer la continuité des différents aspects de la vie des communautés. Un dosage savant est donc de rigueur dans l’élaboration de ces plans. Ils sont étudiés de manière à assurer la proportionnalité entre le risque encouru et les restrictions imposées. Le monde d’aujourd’hui, où interdépendance est le maître mot, n’autorise pas à fermer, hermétiquement, des frontières ; à construire, outre mesures, des barricades ou à s’isoler, complétement à l’intérieur de murailles épaisses. Ainsi, ni laxisme ni exagération ne sont permis de la part de l’Etat ; mais la population ne doit pas également se permettre, sous peine de voir s’écrouler l’édifice protecteur, de violer les règles strictes des plans établis par l’Etat, ni les contourner ou les altérer par des initiatives malheureuses. Responsabilité est exigée de la part des gouvernants et discipline est requise de la part des gouvernés.
2- Cas du Maroc : une action jusqu’ici bien menée
Dès le déclenchement de l’alerte dans le monde, les autorités marocaines ont introduit leur première action : Veiller, observer et suivre la situation[1]. L’Etat à ainsi, dès le mois de Janvier, annoncé que : ‘’ le système national de surveillance et de contrôle épidémiologiques a été renforcé, et que le système de diagnostic virologique et de traitement des patients potentiels a été initié et enclenché’’. Au début du mois de Février, l’Etat décide de rapatrier par des vols spéciaux, les nationaux se trouvant dans l’épicentre du Coronavirus. Ainsi, 167 marocains vivant à Wuhan sont arrivés à l’aéroport Mohammed V de Casablanca à bord d’un vol spécial de la Royal Air Maroc (RAM). Dans la foulée ; l’Etat prend sa première mesure restrictive, elle annonce la suspension des vols de la RAM entre Casablanca et Pékin. La raison n’étant pas directement l’épidémie, mais la forte baisse de la demande sur cette destination. Le Maroc installe également les mesures de vigilance aux frontières, au niveau desquelles le dispositif de surveillance sanitaire a été renforcé notamment par des dispositifs de contrôle par caméras thermiques et la distribution d’une documentation technique de sensibilisation. C’est d’ailleurs à ce stade qu’une communication de l’OMS juge le pays préparé pour faire face au 2019-nCoV. Ces mesures, tout en restant au niveau 1 [2], se renforcent et s’intensifient au fur et à mesure que le fléau s’approche géographiquement du pays et que des foyers européens sont annoncés, notamment l’Italie où ont été contaminés les deux cas confirmés que connait jusqu’ici le Maroc.
Si le pays n’a pas encore changé le niveau de l’alerte, il n’hésite pas à prendre dans le cadre du même niveau, des mesures supplémentaires à celles initiales. Ainsi dès le dimanche premier Mars, il a été décidé de reporter les manifestations sportives et culturelles programmées au Maroc, ainsi que l’annulation des rassemblements de masse et la gestion des voyages vers et en provenance des pays qui connaissent une propagation communautaire. De plus les autorités ont pris de bonnes mesures de communication et sensibilisation ; Ainsi non seulement des brochures et documentation d’information sur le fléau sont disponibles, mais les responsables communiquent et les médias organisent des campagnes de débats et d’échanges qui permettent de développer une meilleure connaissance qui permet d’annihiler les intox, les fausses informations et les conseils charlatanesques.
[1] Le Royaume a mis en place une commission mixte pour la surveillance épidémiologique et la prise de mesures nécessaires. Cette commission est composée du ministère de la Santé, de la Gendarmerie royale, des services de la médecine militaire, du ministère de l’Intérieur, de la Protection civile et d’autres intervenants. Elle est chargée de veiller à l’application du système national de veille et de surveillance épidémiologique.
[2] Le niveau 1 est appliqué tant que le nombre de cas suspectés ne dépasse pas les vingt et que celui des cas confirmés ne dépasse pas les 50.
Le niveau 2 est enclenché lorsque les cas suspectés sont entre 200 et 2000 et celui des confirmés se situe entre 50 et 500.
Le niveau 3, phase ultime n’est déclenché qu’au seuil des 10 000 cas confirmés.