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Dialogues Stratégiques 14ème édition : Le retour des conflits de forte intensité, La nouvelle donne sécuritaire au Sahel
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Lieu : HEC Paris, France (Sur invitation)
Depuis 2016, le Policy Center for the New South et le Centre de Géopolitique de l’école HEC Paris organisent chaque année deux éditions des « Dialogues Stratégiques ». Cette plateforme a pour vocation d’offrir un environnement orienté vers les politiques publiques « policy-oriented », où les panélistes se réunissent dans un cadre interactif et constructif pour confronter et enrichir leurs analyses respectives. Cette collaboration est issue du partenariat tissé entre les deux centres de réflexion, en vue de favoriser le dialogue scientifique et multidisciplinaire et de contribuer à la production d’analyses pertinentes sur des problématiques majeures à la fois pour l’Europe et l’Afrique.
Le format s’étale sur une journée entière, permettant à des décideurs et experts d’échanger avec une audience de chercheurs établis et de praticiens autour de deux thèmes : l’un sur un enjeu global, l’autre sur une problématique d’intérêt régional, d’importance commune à la fois pour l’Europe et l’Afrique.
Cette quatorzième édition des Dialogues Stratégiques se tiendra le vendredi 12 mai 2023 au Campus de HEC Paris, et portera sur « le retour des conflits de forte intensité » et « la nouvelle donne sécuritaire au Sahel ».
Dans la perspective de partager les fruits des échanges menés lors des séminaires avec les participants et les parties prenantes intéressées, les discussions et échanges font l’objet de « Policy Papers » qui sont regroupés au sein d’une publication conjointe.
Session 1 – Le retour des conflits de forte intensité
L’actualité internationale en 2022 fût submergée par la guerre d’Ukraine qui constitua à plusieurs égards, un moment de rupture considérable dans l’équilibre géopolitique mondial. Cette dernière qui provoqua d’importantes distorsions dans les chaines d’approvisionnements énergétiques et alimentaires mondiales, tout en remettant en cause les fondements de l’ordre international post guerre froide, symbolise parallèlement, le retour des conflits de forte intensité dans les relations internationales contemporaines, pour la première fois depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. En effet, et après des décennies de guerre asymétrique, l'hypothèse d’une guerre de haute intensité dans le sens de Clausewitzien du terme, ne semble plus être exclue, tellement les théâtres de conflits ne cessent de se multiplier, depuis les confins de l’UE jusqu’à l’espace indopacifique en proie de devenir le nouveau centre de la gravité mondiale, alors que les grandes puissances n’hésitent plus à prendre le risque de la guerre, qu’il s’agisse de l’aventurisme militaire de la Russie dans son espace d’influence traditionnel, ou encore de l’affirmation de la puissance chinoise en mer de Chine du Sud.
Dans ce contexte géopolitique mondial délétère, caractérisé par l’accélération de la compétition entre les grandes puissances, de surcroît aggravé par la contestation des fondements de l’ordre international et l’affaiblissement récurrent du système de l’ONU, le retour des conflits de forte intensité menacent non seulement la paix et la sécurité internationale, mais entretient beaucoup d’ambiguïté sur l’avenir de la gouvernance mondiale. Alors que le droit est de plus en plus délaissé pour des rapports de force dans tous les domaines de la compétition internationale, l’accentuation des menaces armées doit non seulement être un repère pour revoir le modèle actuel de la défense, mais aussi de repenser les outils conceptuels portant sur la gestion et la résolution des conflits.
- Quelles sont les raisons derrière le retour des conflits de forte intensité ?
- Dans quelle mesure le retour des conflits de forte intensité menacent-ils la paix, la sécurité internationale, et la gouvernance mondiale ?
- Le retour des conflits de forte intensité préfigure-t-il une refonte du multilatéralisme ?
- Le système de la sécurité collective nécessite-t-il une révision ?
Session 2 – La nouvelle donne sécuritaire au Sahel
Au Sahel, la montée des tensions géopolitiques dans le monde a ajouté une nouvelle menace sur cette zone déjà criblée par les incertitudes économiques et sécuritaires. Le retrait des troupes européennes et la réduction drastique des effectifs des troupes françaises de la vaste région sahélienne de l'Afrique de l'Ouest a créé un vide là où les Etats sahéliens avaient déjà du mal à maitriser leurs vastes territoires. Ce vide s’est comblé à la fois par un regain du sentiment nationaliste de la part des armées locales mais aussi d’une implication russe grandissante à travers la milice privée russe, Wagner.
Cette nouvelle donne sécuritaire au Sahel pose plusieurs défis aux pays d’Afrique de l’Ouest dont on interroge la capacité à lutter efficacement contre les menaces terroristes dans la région. La contestation actuelle des populations subsahariennes contre la présence militaire étrangère ne semble pas toucher la Russie qui semble être considéré notamment au Mali comme un partenaire fiable, au grand dam des pays européens, englué dans une crise géopolitique sans précèdent avec Moscou. Une réhabilitation des armées étrangères parmi ces populations ne semble pas à l’ordre du jour malgré le fait qu'elles sont censées les protéger contre le terrorisme. Le concept même d’intervention étrangère et son importance dans le cas de la zone du Sahel doit être reformulé et réévalué aux regards des récents évènements. Une partie des réponses à ces questions de sécurité au Sahel passe par l’autonomisation des armées locales et la mise en place de mécanismes régionaux de maintien de la paix.
Dans ce sens, les chefs d'état-major des armées du G5 Sahel ont révisé leurs documents cadres. A l'issue de la réunion, les responsables se sont mis d'accord pour élargir la marge de manœuvre des différentes armées de l'organisation. Reste à savoir comment le retrait du Mali de l’organisation impactera son fonctionnement et quelles seront les implications politiques et sécuritaires d’un G5 sahel opérationnel sans le Mali. De plus, ces initiatives d’élargissement des stratégies de lutte anti-terroriste souffrent toujours de manque de financement et d’un certain manque de coordination.
L’efficience des approches régionales et leurs coordinations avec d’autres entités internationales et la question du financement de ces initiatives est au cœur de la nouvelle donne sécuritaire au Sahel et du futur de la lutte anti-terroriste en Afrique. Une approche axée sur le développement économique et le nexus sécurité-développement est demandée avec insistance par les Etats du Sahel qui rejettent une approche uniquement sécuritaire concernant l’Afrique de l’Ouest.
- Dans un contexte marqué par une présence russe accrue dans les Etats de la région, quelles perspectives sécuritaires au Sahel ?
- Comment lutter contre la privatisation de la sécurité au Sahel et comment faire face à la pénétration russe dans la région ?
- Le G5 Sahel survivra-t-il au retrait du Mali et sera-t-il en mesure de jouer un rôle crédible dans la région ?
Quel est le futur de la lutte contre le terrorisme au Sahel, quels nouveaux paradigmes et quelles nouvelles approches ?