Dialogues Stratégiques 13ème édition : La fragmentation du Monde - L’Afrique des Grands Lacs

Lieu (sur invitation): UM6P-AIRESS

Depuis 2016, le Policy Center for the New South et le Centre de Géopolitique de l’école HEC Paris organisent chaque année deux éditions des « Dialogues Stratégiques ». Cette plateforme d’analyse et d’échange réunit des experts, des chercheurs provenant de différents think-tanks et du monde académique, des praticiens, ainsi que des décideurs politiques pour débattre des grandes questions géopolitiques et sécuritaires à l’échelle internationale, ainsi que des problématiques d’importance commune à la fois pour l’Europe et l’Afrique.

Le cycle de séminaires a pour vocation d’offrir un environnement orienté vers les politiques publiques « policy-oriented », où les panélistes se réunissent dans un cadre interactif et constructif pour confronter et enrichir leurs analyses respectives. Cette collaboration est issue du partenariat tissé entre les deux centres de réflexion, en vue de favoriser le dialogue scientifique et multidisciplinaire et de contribuer à la production d’analyses pertinentes sur des problématiques majeures.

Dans la perspective de partager les fruits des échanges menés lors des séminaires avec les participants et les parties prenantes intéressées, les discussions et échanges font l’objet de « Policy Papers » qui sont regroupés au sein d’une publication conjointe.

Les Dialogues Stratégiques sont des séminaires s’étalant sur une journée entière lors desquels décideurs et experts échangent avec une audience de chercheurs établis et de praticiens autour d’une question portant sur un enjeu global et une problématique d’intérêt régional.

Cette treizième édition des Dialogues Stratégiques, qui se déroulera sous la formule Chatham House, se tiendra le 28 octobre 2022 à l’Université Mohammed VI Polytechnique de Rabat (Institut Africain pour la Recherche en Economie et en Sciences Sociales « AIRESS ») et s’insère dans la continuité de la collaboration fructueuse entre les deux centres. Les discussions porteront sur « la fragmentation du Monde » et « l’Afrique des Grands Lacs ».

Pour toute demande d’information, veuillez contacter Mme Imane Lahrich, Partnerships & Research Support Officer, sur i.lahrich@policycenter.ma
 

Session 1 – La fragmentation du Monde

Dans les relations internationales, la puissance des grands acteurs devient relative. Les États-Unis tentent de rester la première superpuissance, mais elle fait face aux assauts puissants d’une Chine qui se rêve glorieuse. Le projet fédéraliste de l'Union européenne a volé en éclats, la crise migratoire et la montée du populisme ont démontré la faiblesse du socle de solidarité européens et plus que jamais, on assiste au retour de l’Etat et des nations comme acteurs principaux du monde qui nous entoure.

En effet, l’ordre mondiale post-1989 semble menacé encore une fois par un Est qui cherche sa place et qui revendique sa puissance. La guerre Russie-Ukraine rebat les cartes de la géopolitique mondiale et fragmente à nouveau un monde déjà divisé par une décennie de faible croissance économique et une pandémie qui a enfermé les nations dans leurs frontières et ravivé les angoisses et les fragilités humaines.

Là où les idéaux de progrès et de démocratie avaient primé, les logiques de survie et de resserrement autoritaires apparaissent. Les nations occidentales doivent faire face urbi et orbi à des questionnements de leur modèle démocratique et économique et les Etats du Sud réclament un nouveau partenariat et de nouveaux paradigmes pour redéfinir les relations et les enjeux de la scène internationale.

Dans un monde de crises climatiques, économiques et politiques, il est urgent de pouvoir coopérer, de construire des espaces de dialogue et d’entente afin de faire naitre des compromis positifs et constructifs. Dans ce sens, cette session intitulée « la fragmentation du Monde » tentera de répondre aux questions liées aux mécanismes de coopération dans un monde de crises multiples et multiformes. Elle permettra de discuter également les nouveaux espaces de dialogues et les nouveaux rapports entre le Nord et le Sud.
 

Session 2 – L’Afrique des Grands Lacs

La région des Grands lacs d’Afrique définie comme l’aire géographique qui englobe les grands lacs de la partie méridionale de la vallée du grand Rift est une zone qui comprend dans sa conception réduite des pays comme le Burundi, l’Ouganda, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Elle constitue en raison des importants liens politiques, économiques, culturels et humains entretenus par ces pays et le caractère imbriqué des défis auxquels ils font face, une entité géopolitique plus ou moins homogène idéalement situé au cœur de l’Afrique.

Dotée d’un potentiel démographique important, de ressources naturelles abondantes et d’un emplacement géographique stratégique à la jonction de trois sous-régions du continent, la région des grands lacs a vu son intégration régionale et son développement économique fortement entravé par l’absence prolongée de paix et de sécurité dans cet espace. La région a ainsi connu à partir de la fin de la décennie 1980 une série de conflits armés dont l’effet est aujourd’hui encore perceptible dans l’instabilité chronique qui caractérise certains Etats. La guerre de brousse en Ouganda, la guerre civile rwandaise, la guerre civile burundaise, le génocide des Tutsis au Rwanda et les deux guerres du Congo sont des étapes historiques dont la prise en compte est nécessaire pour comprendre les dynamiques politiques et sécuritaires qui ont conduit à la situation de déstabilisation que connait l’Afrique des Grands lacs.

L’émergence et la multiplication dans le sillage de ces conflits de groupes politico-militaires et groupes d’autodéfense constitue de ce fait un des principaux déterminants de l’insécurité qui règne actuellement dans les provinces congolaises du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri. Le Kivu Security Tracker du Groupe de Recherche sur le Congo estimait ainsi en 2020 le nombre des groupes armés actifs dans l’Est de la RDC à plus de 130. Une réalité que les interventions successives des casques bleus de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo et de la force régionale de la Communauté de Développement de l’Afrique australe (SADC) n’ont pour le moment pas réussi à changer durablement.  L’instrumentalisation de ces groupes est par ailleurs un autre élément structurant des dynamiques régionales. L’échange récurrent d’accusations de déstabilisation et de manipulation des groupes armés aux fins de guerre indirecte entre les états de la région constitue un frein important à son intégration.

Les récentes tensions qu’ont connues les relations entre la RDC et le Rwanda sont un parfait exemple de l’impact négatif de ces groupes sur la stabilité régionale. Ces tensions nées en partie à cause des accusations formulées par le gouvernement congolais de collusion entre le Rwanda et les rebelles du Mouvement 23 mars ont fait craindre le risque d’un affrontement militaire direct entre les deux pays. Elles ont également eu un impact économique important puisqu’elles ont provoqué la suspension par la partie congolaise des accords liant les deux pays.

Cette session s’attachera à explorer et à analyser l’ensemble des dynamiques qui façonnent la situation d’instabilité chronique qui marque la région des grands lacs ainsi que les tensions qui mettent régulièrement aux prises certains de ces Etats. Les discussions porteront également sur l’examen des nouvelles menaces ainsi qu’à l’étude du rôle des organisations régionales dans la promotion de la paix dans cette région.