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Opinion
1. Zuma vole au secours de Mugabe mais échoue :
S’étant, de manière précipitée, porté au secours de son ami Robert Mugabe, Président du Zimbabwe, Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud s’est mis dans une position d’enlisement qui compromet l’avenir politique de son clan au sein de l’African National Congress. En effet, les événements se déroulent à quelques semaines du congrès du parti qui doit désigner son nouveau président.
Avant d’analyser les conséquences sur Jacob Zuma de son action en faveur du président, en sursis, du Zimbabwe, il serait judicieux de tracer le parallèle entre les positions des deux personnalités :
• Leurs carrières politiques respectives arrivant quasiment à échéance, l’un en raison de son âge très avancé (Mugabe) et l’autre en raison de l’épuisement légal de ses mandats (Zuma) ; ils ont opté pour léguer les pouvoirs de leurs partis et de leurs pays à leurs compagnes respectives (Mugabe à sa femme et Zuma à son ex-femme) ;
• Les deux femmes rencontrent sur leurs chemins vers le pouvoir, la concurrence des deux vice-présidents. C’est en effet Cyril Ramaphosa qui se présente contre Dlamini Zuma en Afrique du sud et Emmerson Mnangagwa qui rivalise avec Grace Mugabe au Zimbabwe ;
• Le mois de décembre prochain constitue pour les deux présidents la date butoir pour réussir leurs manœuvres.
Si Jacob Zuma, plus fin dans son action que Robert Mugabe, avait choisi de manœuvrer politiquement dans sa tentative d’écarter son vice-président Ramaphosa, Robert Mugabe, plus rustre, avait opté pour la manière forte en destituant de pleine autorité son vice- président Emmerson Mnangagwa. Son action a appelé une intervention de l’armée, au sein de laquelle le vice-président Zimbabwéen garde plusieurs sympathisants.
Appelé à la rescousse par Robert Mugabe, Jacob Zuma avait, dans les 24 heures, dépêché au Zimbabwe son ministre de la défense et son ministre de la sécurité intérieure. La qualité des émissaires laisse penser que Jacob Zuma ne visait pas moins que d’intimider les militaires zimbabwéens qui ont pourtant maintenu leur fermeté sur la volonté de démettre Robert Mugabe.
Jacob Zuma qui voyait échouer son coup de force, ne pouvait plus sauver la face, qu’en discutant une sortie sans dégâts du presque centenaire président du Zimbabwe. La voie toute tracée était un exil en Afrique du sud, où Mugabe ne risquait pas de poursuite par les futurs pouvoirs de son pays. C’est cette initiative qui risque de compromettre Zuma et les chances de son clan de se maintenir au pouvoir en Afrique du Sud.
2. Sauver ce qui reste de Robert Mugabe, embarrasse Jacob Zuma
En plus des remous qu’il affronte en Afrique du Sud autour de sa propre personne, Jacob Zuma se trouve aujourd’hui devant un autre challenge, celui des divergences des forces politiques sur la question d’offre d’asile en Afrique du Sud, à Robert Mugabe et sa famille. Deux chefs de files se dégagent dans cette affaire :
• L’alliance démocratique (DA) et son président Mmusi Maimane, appuyés par le Congrès du peuple (COPE) qui soutiennent qu’accorder l’asile à Robert Mugabe constituerait une violation au « Refugees Act ». En effet, ce texte exclut de l’offre d’asile en Afrique du Sud à toute personne, ayant commis dans leurs pays un crime contre la paix, un crime de guerre ou un crime contre l’humanité. Ils déduisent qu’étant donné que Robert Mugabe, comme d’autres dirigeants en Afrique qui se sont transformés de libérateurs en dictateurs, ont commis des violations aux droits de l’homme et vu des crimes contre la paix se commettre devant leurs yeux. Par conséquent, tant que Robert Mugabe ne risque pas la torture ou la mort dans son pays, il ne peut prétendre à l’asile en Afrique du Sud ;
• L’Economic Freedom Fighters (EFF), soutenu par l’African Diaspora Forum, soutient que « Mugabe reste l’un des nôtres, en dépit des erreurs qu’il a commises en tant que tant que président ». Pour l’EFF, la position de l’Alliance Démocratique reflète un sentiment de vengeance des Rhodésiens blancs dont les fermes ont été reprises. Ce parti ajoute que c’est à cause de ces propriétés des blancs que l’Alliance Démocratique veut que l’Afrique du Sud rejette Robert Mugabe en guise de punition.
En plus de la gestion des affaires de son parti (ANC) où la bataille s’enflamme entre sa candidate préférée (Dlamini Zuma) et son concurrent Cyril Ramaphosa, Jacob Zuma entre dans un nouveau tourbillon. Il doit gérer, en tant que chef d’Etat, la position à tenir dans l’affaire de l’asile de Robert Mugabe. D’autant plus que l’asile à accorder à « l’ancien » président du Zimbabwe est compliqué par l’affaire dans laquelle est impliquée sa femme Grace, en Afrique du Sud. Elle est toujours poursuivie en Afrique du Sud pour avoir agressé, en août dernier, une jeune sud-africaine à l’aide d’un câble de rallonge. Si elle retourne en Afrique du Sud après avoir perdu son immunité de femme de président, elle se mettrait à la portée d’associations (AfriForum) qui ont promis de la poursuivre si elle retourne en Afrique du Sud.
Le déroulement des évènements au Zimbabwe annonce une irréversible chute de Robert Mugabe. Il reste à savoir si le Zimbabwéen ne risque pas en tombant de faire dangereusement vaciller Jacob Zuma et son ex-épouse.