Publications /
Opinion
Le sens communautaire évoqué par Karim El Aynaoui, directeur général de l’OCP Policy Center, dans son allocution de bienvenue aux participants à la seconde édition du Sommet des think tanks africains, s’est exprimé dans toute sa richesse et sa diversité le 9 mai.
Les interventions de ce jour d’ouverture, émanant de 100 participants venus de 20 pays et représentant 40 think tanks (sur un total de 759 think tanks à travers l’Afrique, soit 10% environ du total mondial selon le Programme sur les think tanks et les sociétés civiles de l’Université de Pennsylvanie), ont reflété un fort sens du partage de défis et d’un avenir communs.
Manifeste, la richesse de ces plateformes est passée par divers témoignages, reflétant à la fois une grande diversité et l’unanimité sur la nature des difficultés à affronter, notamment d’ordre financier. Au sujet des critères que doivent réunir les think tanks dignes de ce nom - œuvrer au développement -, les termes de connaissance, crédibilité, intégrité, transparence et surtout indépendance sont revenus à maintes reprises.
L’indépendance, un maître mot pour les think tanks africains
Ce mot, en particulier, est revenu en leitmotiv chaque fois qu’il a été question du financement, le principal défi posé aux think tanks africains. Y compris pour ceux qui sont adossés à des institutions – qu’elles soient académiques ou gouvernementales.
Certains ont insisté sur leur indépendance d’esprit, malgré les contraintes qui peuvent découler de financements publics. Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigeria et membre de l’Africa Progress Panel, a souligné que «l’autonomie des think tanks ne doit pas être monnayable».
Evoquant les think tanks opérant dans un environnement très tendu, le Libyen Awad Ibrahim, président du Libyan Organization of Policies & Strategies (LOPS) a témoigné en ces termes : «Chaque fois que nous décidons de mettre sur les rails des recherches sur une problématique donnée, pour éclairer les Libyens sur les enjeux de ce qui se passe dans leur propre pays, nous savons que nous prenons des risques sérieux. Nos chercheurs sont en danger ». L’un des membres de son équipe a vu sa maison incendiée, à la suite de la publication d’un rapport d’analyse.
Modèle hybride de think tank en Afrique
«Qui décide de l’agenda des think tanks, l’offre ou la demande ?», s’est interrogé pour sa part Jalal Abdel-Latif, Senior Fellow de l’OCP Policy Center et membre de la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Volontiers provocateur, ce fin connaisseur des arcanes de la coopération internationale a souligné les tensions fréquentes entre autorités gouvernementales et espaces de recherche. Une relation qui passe aussi par la perception selon laquelle les think tanks se ramènent à des cabinets d’audit, dont la finalité est de critiquer et de mettre en cause l’action gouvernementale.
Selon Siré Sy, jeune président sénégalais du think tank AfricaWorldwideGroup, l’Afrique est en train d’inventer un «modèle hybride de think tank, combinant la plateforme de recherche et le bureau d’études, avec des « think to do » porteurs de solutions et de recommandations».