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Opinion
Sous cet intitulé, la seconde journée des Atlantic Dialogues, le 14 décembre, a abordé la question de l’éducation. Une urgence absolue, compte tenu de la transition démographique en cours en Afrique et de la persistance d’un fort chômage des jeunes – même diplômés – dans de nombreux pays.
Mme Assia Bensahlah Alaoui, Ambassadeur itinérant du Roi du Maroc Mohammed VI, figure respectée qui milite pour un mieux vivre ensemble dans l’islam, a évoqué le “besoin de réhabiliter l’enseignement professionnel auprès des étudiants eux-mêmes, qui le méprisent.”
Au Maroc, travailler l’image que les familles se font de l’éducation
Une priorité d’autant plus forte qu’il faut proposer des formations aux élèves qui sont nombreux à quitter l’école avant de décrocher leur diplôme de fin d’études au Maroc. (30 %). Elle a plaidé pour une “révolution” dans l’approche et les méthodes : le savoir peut désormais être accessible à distance, des ateliers restreints peuvent être plus efficaces que des amphithéâtres combles, avec un enseignement plus personnalisé, tandis qu’une culture de l’audit et de l’évaluation, interne comme externe, doit être développée.
“Le rôle des familles dans la promotion du savoir reste essentiel. Le savoir est différent de la sagesse. Nous disposons en Afrique de beaucoup de sagesse, et nous pouvons nous demander comment réactiver les traditions pour les rendre efficaces face à nos nouvelles séries de problèmes.”
Aux Etats-Unis, se concentrer sur les soft skills et les compétences de base à l’Université
De son côté, la chercheuse et consultante américaine Kassie Freeman, présidente et PDG de The African Diaspora Consortium, a rappelé que l’enseignement supérieur aux Etats-Unis se trouve en perpétuelle mutation – étant sans cesse repensé en fonction de l’évolution des marchés du travail. “Les Universités, parce qu’elles ne savent pas quelles seront les compétences requises dans dix ans, doivent se concentrer sur ce qu’elles savent faire de mieux : apporter des compétences de base”, a-t-elle souligné, insistant sur la nécessité d’apporter des “soft skills”. “Les universités devraient toujours préparer les jeunes au marché du travail avec des compétences de base telles que l’analyse des données”.
Au Rwanda, promouvoir les filières professionnelles et écouter les familles avant de concevoir des politiques publiques
Silas Lwakabamba, ancien ministre de l’Education au Rwanda et recteur de l’Université nationale, entre autres, a souligné la principale faiblesse de l’enseignement supérieur en Afrique : “Nous fabriquons des diplômés qui ne sont compétents en rien.” Il a évoqué l’expérience de son pays, qui vise à combiner les compétences techniques et professionnelles à l’université, à partir de politiques publiques basées sur une large consultation des populations elles-mêmes, afin de tenir compte de leurs besoins et leurs demandes.