Publications /
Policy Brief

Back
Covid-19 : Soumis à un choc violent et durable, les pays pétroliers africains improvisent le sauvetage de leur économie
Authors
Benjamin Augé
April 21, 2020

Alors que les prix du baril de Brent, à Londres, varient entre 20 et 35 dollars depuis plusieurs semaines, et que le pétrole américain côté à New York, a même atteint des valeurs négatives le 20 avril, la plupart des Etats pétroliers africains ont fait voter, fin 2019, leur budget 2020 en se basant sur des prévisions, plutôt optimistes, et en pariant parfois sur une croissance des dépenses, financée par de l'emprunt (Nigeria). Certains de ces Etats s'attendaient à des cours du Brent, plutôt élevés en 2020, suivant, ainsi, la courbe observée en 2019 où la moyenne annuelle a tutoyé les 64 dollars par baril

Le Nigeria avait, par exemple, parié sur un budget record de 10.59 trillions de naira (35 milliards de dollars), avec un déficit de l’ordre de 7,2 milliards $ - (avec un baril de référence à 57 $). De même pour le Gabon qui avait prévu, en décembre 2019, un budget en croissance de 9,8% atteignant 3330 milliards de FCFA (soit un peu plus de 5 milliards d’euros), en se basant notamment sur le fait que la production pétrolière allait croître grâce au bloc de Dussafu, tout juste mis en production. Le Congo pariait, quant à lui, sur une hypothèse d’un baril à 55 $ avec un budget plutôt conservateur, sachant que l’endettement atteint déjà plus de 80% du PIB et que l’économie est sous perfusion du Fonds monétaire international (FMI). Le Ghana, producteur de pétrole depuis 2010, tablait pour 2020 sur une croissance de 6,8%, avec un baril à 62,6 dollars. L’Algérie, contrairement à ses voisins du golfe de Guinée, avait, par contre, déjà prévu une baisse de ses dépenses de 9,2% dont 20% d’investissement en moins entre 2019 et 2020. Cette singularité parmi les producteurs africains est due au fait que l’Algérie se trouvait déjà en crise en 2019 et prévoyait une baisse de recettes de plus de cinq milliards de dollars d’une année sur l’autre, causée notamment par la baisse des exportations en hydrocarbures. Tous les pays africains doivent désormais reprendre en catastrophe les discussions avec leurs parlements respectifs afin de passer au plus vite des budgets rectificatifs qui auront des impacts profonds sur l’économie, le chômage, les dépenses sociales et, in fine, le taux de pauvreté. Les raisons d’espérer une nette amélioration de la situation sont peu nombreuses. Voici quelques éléments d’explication.

RELATED CONTENT

  • June 6, 2022
    Le Lab de l’Emploi Maroc, dirigé par le Jameel Poverty Action Lab (J-PAL) au MIT, Evidence for Policy Design (EPoD) à la Harvard Kennedy School, en partenariat avec le Millennium Challenge Account Morocco Agency (MCA-Maroc) et le Policy Center for the New South (PCNS), organise un sémin...
  • May 20, 2022
    Traders have worried that the war involving Russia and Ukraine could stoke inflation, further disrupt supply chains and derail the global economic recovery. Scarcity of food has led to ri ...
  • Authors
    Sabine Cessou
    May 17, 2022
    Ce thème, abordé au Centre HEC de Géopolitique à Jouy-en-Josas, lors de la 12e édition des Dialogues stratégiques avec le Policy Center for the New South, une rencontre semestrielle, a permis de revenir dans le détail sur cette zone qui relie la Méditerranée à l’océan Indien, à la jointure de trois continents : l’Asie, l’Afrique et l’Europe. Cette route maritime qui s’étend sur plus de 2 200 km, pour une largeur qui varie de 300 km à moins de 30 km entre Djibouti et le Yémen, représ ...
  • May 13, 2022
    Depuis 2016, le Policy Center for the New South et le Centre HEC de Géopolitique organisent chaque année deux éditions des « Dialogues Stratégiques ». Cette plateforme d’analyse et d’échange réunit des experts, des chercheurs provenant de différents think-tanks et du monde académique, d...
  • May 11, 2022
    Cet atelier a servi de plateforme pour présenter les ouvrages suivants :  - L'édition 2022 du Rapport Annuel sur la Géopolitique de l'Afrique : Ce rapport est publié annuellement par le PCNS et a pour objet de relater, étudier et analyser les faits géopolitiques majeurs qui ont jalonné...
  • May 06, 2022
    In a large majority of countries political leaders have tried to place regional integration in the center of their economic growth and development strategies, yet, despite all attempts, A ...
  • April 29, 2022
    Following on the heels of the COVID-19 pandemic and severe drought in North Africa, the Russian invasion of Ukraine – large exporters of food and, in the case of Russia, energy— may inflict increased hunger on the food insecure in Morocco – despite mitigating measures by the government. Morocco is so far successfully shielding its large poor and vulnerable population by subsidizing essential commodities. With memories of the violent protests during the 2007/08 food and fuel crisis s ...
  • April 25, 2022
    Retrouvez en exclusivité l’interview de Abdelhak Bassou, Senior Fellow au Policy Center for the New South, qui se livre à Helmut Sorge, Columnist au Policy Center for the New South, au sujet des multi-disparités présentes en Afrique. Abdelhak Bassou est l’auteur du Chapitre 5 du rapport...
  • April 19, 2022
    يخصص مركز السياسات من أجل الجنوب الجديد حلقة برنامجه الأسبوعي "حديث الثلاثاء" لمناقشة التأثيرات الأجنبية في منطقة المغرب الكبير مع عبد الله ساعف، باحث بارز بمركز السياسات من أجل الجنوب الجديد منطقة المغرب الكبير لا تزال بطبيعتها منطقة حافلة بالرهانات العابرة للحدود، والتي تعد أكثر تعق...
  • Authors
    Abdelmounaim Fanidi
    April 19, 2022
    Suivant une analyse réaliste des relations internationales, des ‘facteurs objectifs’ ont été longtemps mis en avant pour expliquer le blocage de l’intégration régionale au Maghreb (e.g. le conflit du Sahara). Par une approche constructiviste, cet article a pour vocation d’analyser un facteur subjectif susceptible de freiner ou favoriser l’intégration maghrébine, en l’occurrence les identités nationales. Il se focalisera sur « les discours primordialistes ». Autrement dit, les discou ...