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Policy Paper
Avant la pandémie Covid-19, le continent abritait les économies à la croissance la plus rapide du monde et plusieurs pays africains montraient les premiers signes de transformation structurelle et de progrès vers l’émergence économique. Plus de deux ans après la pandémie et les ondes de choc qui en ont résulté, deux questions cruciales se posent : dans quelle mesure le choc sanitaire Covid-19, exacerbé par la crise ukrainienne, a-t-il constitué un tournant dans le processus général d'émergence des pays ? Qu’est-ce que cela implique pour les futures politiques de développement à mettre en oeuvre en Afrique ? Le présent papier fournit une évaluation des impacts, sanitaires, économiques et sociaux, de la crise Covid-19, et analyse les premiers effets de la guerre en Ukraine. Il expose les défis posés par ces différents chocs, dresse les perspectives à court et moyen termes et esquisse des recommandations. L’examen des évolutions globales dans le continent permet de tirer plusieurs enseignements. En ce qui concerne les effets sanitaires directs de la pandémie, l'Afrique se compare favorablement aux autres régions du monde. Tout en indiquant une faible incidence de la pandémie dans la plupart des pays, les données officielles sous-estiment probablement le nombre de cas et de décès de Covid-19 sur le continent, car les capacités de test et de surveillance sont limitées, en particulier dans les pays où les ressources allouées à la santé étaient faibles avant la pandémie. La contraction de l'activité économique en 2020 a été sévère, constituant la première récession en 25 ans pour le continent africain. Les économies avec une part relativement élevée de l'économie des services, du tourisme et du commerce international ont été les plus impactées. En outre, les exportateurs de matières premières ont souffert de manière disproportionnée de la baisse temporaire des prix des matières premières, en particulier du pétrole. Géographiquement, les pays du sud et du nord du continent ont connu les pertes de production les plus importantes. Depuis 2021, une reprise est en cours, soutenue par l'amélioration de l'environnement économique, après le choc initial sur l'économie mondiale. Pourtant, la pandémie est susceptible d'avoir des implications à plus long terme pour le développement, car l'accumulation de capital humain et physique a été perturbée par le choc de la Covid-19, d'autant plus que l'espace budgétaire est épuisé dans de nombreux pays africains. Bien que les économies du continent se redressent lentement, cette reprise est entravée par de faibles taux de vaccination, une marge budgétaire étroite, un accès inégal aux financements extérieurs et une vulnérabilité croissante à la dette. La perturbation des flux commerciaux mondiaux et des marchés des matières premières par la situation en Ukraine ajoute des pressions supplémentaires. La hausse des prix internationaux des denrées alimentaires et de l’énergie, résultant de la guerre, pourrait accélérer l'inflation dans de nombreux pays en Afrique. La baisse de la demande pour les exportations africaines, les chocs de l'offre et la réduction de la consommation vont probablement ralentir la croissance économique dans de nombreux pays. L'Afrique est également vulnérable à un resserrement plus marqué que prévu des conditions monétaires mondiales. Dans ce contexte, toutes les projections tablent sur un ralentissement de la croissance en Afrique en 2022 et une stabilisation de celle-ci en 2023. En définitive, la remise du continent sur les rails de l’émergence supposera la mise en oeuvre de politiques contracycliques efficaces, tout en accélérant la transformation structurelle et en préservant le bien-être social des populations. En conclusion du papier, des recommandations sont formulées à cet effet.