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Opinion
En dépit de toutes les critiques contre les énergies fossiles au niveau international, plusieurs projets pétroliers et gaziers continuent à être lancés et à progresser en vue de prochaines mises en production. L’Afrique ne fait pas exception à la règle, bien au contraire. Des projets pétroliers importants sont ainsi en cours de développement dans plusieurs pays du continent et, pour au moins trois d’entre eux, le compte à rebours est bien engagé. Nous évoquerons dans cette Opinion les cas de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et de l’Ouganda (voir sur ce site internet les Opinions en date du 27 septembre et du 18 octobre 2021).
La mise en production de ces trois projets pétroliers interviendra entre 2023 et 2025
Il y a plusieurs points communs entre ces trois situations, mais aussi des différences. Commençons par les points communs. Les découvertes ont été réalisées par des firmes étrangères ; les opérateurs (les entreprises qui conduisent les opérations techniques pour le compte d’un consortium) sont des compagnies étrangères : Eni (Italie) en Côte d’Ivoire, Woodside (Australie) au Sénégal et TotalEnergies (France) et CNOOC (Chine) en Ouganda ; les sociétés pétrolières nationales des trois pays seront des partenaires minoritaires dans ces projets (Petroci Holding en Côte d’Ivoire, Petrosen au Sénégal et l’Uganda National Oil Company - UNOC) ; les trois développements pétroliers sont de grande taille ; l’entrée en production est prévue dans les prochaines années, en l’occurrence entre 2023 (Côte d’Ivoire et Sénégal) et 2025 (Ouganda) ; le pétrole produit sera surtout exporté ; ces productions et les revenus futurs qui en découleront auront des impacts très significatifs pour les pays et les Etats concernés ; et les entreprises pétrolières impliquées dans ces projets soulignent leur volonté de prendre en compte très sérieusement les contraintes environnementales, notamment climatiques.
Eni vise la neutralité carbone pour le projet Baleine
Mais il y a aussi plusieurs différences entre ces projets. Baleine est un champ pétrolier et gazier (les projets au Sénégal et en Ouganda sont essentiellement pétroliers) et le gaz associé au pétrole est destiné au marché domestique ivoirien pour la production d’électricité ; le projet en Ouganda est réalisé par deux opérateurs, TotalEnergies et CNOOC, alors que les deux autres sont dirigés, chacun, par un seul opérateur ; la Côte d’Ivoire est déjà un (petit) producteur de pétrole alors que le Sénégal et l’Ouganda vont devenir des pays producteurs ; les projets en Côte d’Ivoire et en Ouganda déboucheront sur une production à peu près équivalente (environ 100 000 barils par jour de pétrole brut chacun en phase de plateau, soit à peu près 5 millions de tonnes de pétrole par an) alors que les développements en Ouganda généreront une production plus de deux fois supérieure (230 000 barils par jour) ; le projet ougandais implique deux pays car le futur oléoduc d’exportation, l’East African Crude Oil Pipeline (EACOP), traversera la Tanzanie pour aller jusqu’au port de Tanga au bord de l’océan Indien ; et, en matière de lutte contre le changement climatique, Eni va plus loin que ses concurrents en annonçant que le développement du champ de Baleine sera neutre en carbone, une première pour l’Afrique selon le groupe énergétique italien.
L’Afrique, qui représente à peine 4% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) et n’est donc évidemment pas responsable du changement climatique, n’entend pas renoncer aux hydrocarbures, ni le gaz naturel (Opinion du 1er novembre 2021) ni même le pétrole.
Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que leur auteur.